Les États-Unis pressent la Belgique de choisir le F-35A pour moderniser son aviation de combat

Quand, en juillet, elle a prévenu que l’éventuel choix du F-35A au détriment du Rafale pour le remplacement des F-16 de la composante aérienne de la Défense belge fermerait l’accès du programme franco-allemand SCAF [Système de combat aérien futur] à la Belgique, l’ambassadrice française en poste à Bruxelles, Claude-France Arnould, aurait été « rappelée à l’ordre » par le conseiller diplomatique de Charles Michel, le Premier ministre belge.

Pourtant, la position exprimée par Mme Arnould était logique : une éventuelle participation de l’industrie belge au programme SCAF ne pourrait qu’être qu’une conséquence de son implication dans le déveleppement du Rafale F4…

Pour rappel, la France a proposé un « partenariat stratégique » à la Belgique pour la modernisation de son aviation de combat. Un partenariat qui va au-delà de la simple livraison de 34 Rafale puisqu’il est question de renforcer les capacités opérationnelles, industrielles et technologiques. Cette offre a été faite en dehors de l’appel d’offres dit ACCap (Air Combat Capability), lequel voit s’affronter le F-35A de Lockheed-Martin et l’Eurofighter Typhoon, dont la candidature est appuyée par le gouvernement britannique.

Initialement, le choix du type d’appareil devant remplacer les F-16 belges aurait dû être annoncé en juillet dernier, peu avant le sommet de l’Otan, organisé cette année à Bruxelles. Mais le gouvernement belge a voulu se donner le temps de la réflexion, la proposition française étant venue brouiller les cartes, dans un contexte par ailleurs marqué par les rodomontades du président Trump au sujet des dépenses militaires de la Belgique et des différents commerciaux entre les États-Unis et l’Union européenne.

Et, visiblement, à Washington, l’on s’impatiente. Dans un entretien donné à l’agence Belga et à VRT Radio, le 9 septembre, l’ambassadeur des États-Unis en Belgique, Ronald Gidwitz, a mis la pression sur le gouvernement belge, sans que cela n’ait suscité de vives réactions dans les jours qui ont suivi.

« Le plan actuel est d’attendre jusqu’au 14 octobre et de voir le gouvernement belge prendre la bonne décision [en faveur du F-35, ndlr] », a en effet déclaré M. Gidwitz, qui a pris ses fonctions à Bruxelles le 4 juillet dernier.

« Si la décision [du gouvernement belge] est reportée au-delà du 14 octobre, je préconiserai sûrement [à l’administration américaine] une certaine forme de prolongation. Mais il est probable que ce ne serait pas aux mêmes termes que ceux qui existent », a ensuite ajouté le diplomate.

« Le prix pourrait être différent, les délais de livraison pourraient être différents, les termes en matière d’entraînement pourraient être différents », a continué Gidwitz. « Toutes les choses (qui font partie de l’offre américaine) devront être renégociées », a-t-il averti. En clair, la proposition relative aux 34 F-35A est à prendre tout de suite… ou à laisser, d’autant plus que, a-t-il assuré, « d’autres pays font la file. »

Ainis, M. Gidwitz n’a rien oublié de ses études commerciales : pour forcer la main à un client qui hésite, rien de tel que de jour sur l’urgence. Cette technique commerciale vise à mettre la pression et créer une fausse urgence alors que rien ne presse pour signer un contrat de vente. Cela fonctionne très bien pour vendre une voiture ou un canapé (tout le monde a entendu au moins dans sa vie un vendeur lancer un « je n’en ai plus qu’un en stock »). Reste à voir si cela vaut pour des avions de combat (et un contrat de 3,6 milliards d’euros, rien que l’acquisition des appareils).

En tout cas, les propos du diplomate américain n’ont pas suscité énormement de commentaires parmi les responsables politiques belges. « Nous prenons note des propos de l’ambassadeur américain », a seulement réagi, le lendemain, Steven Vandeput, le ministre de la Défense. On ne pouvait pas faire plus court…

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