Lockheed-Martin aurait proposé à l’US Air Force un avion de combat combinant les capacités du F-22 et du F-35

En avril, l’on apprenait que Lockheed-Martin avait proposé à Tokyo de mettre au point un nouvel avion de supériorité aérienne combinant les caractéristiques du F-22A Raptor et du F-35 Lightning II dans le cadre d’une demande d’informations émise pour le remplacement, à l’horizon 2030, des F-2 (basé sur le F-16) actuellement utilisés par les forces aériennes d’autodéfense japonaises.

« Nous sommes impatients d’explorer des options pour le chasseur devant remplacer le F-2, en coopération avec les gouvernements japonais et américain. Notre leadership et notre expérience dans les avions de 5ème génération peuvent être exploités pour fournir les capacités répondant aux futurs besoins de sécurité du Japon », avait confirmé, plus tard, un porte-parole de Lockheed-Martin.

Cet été, le journal économique japonais Nikkei Asian Review a donné plus de détails sur l’offre faite par l’industriel américain. Ainsi, l’idée serait développer un appareil ayant des performances analogues à celles du F-22 (vitesse, rayon d’action, furtivité, autonomie, capacité d’emport, etc…) avec les capacités de fonctionner en réseau du F-35. Et l’industrie nippone serait étroitement associée au développement et à la production de ce nouvel avion, dont le coût unitaire serait estimé à 177 millions de dollars.

Si cette proposition est acceptée (mais Northrop Grumman est aussi dans la course, comme BAE Systems), alors ce serait un tournant majeur étant donné que l’administration américaine a toujours refusé, jusqu’à présent, d’exporter le F-22, et donc de partager les technologies que ce type d’appareil utilise.

L’offre de Lockheed-Martin, a souligné le Nikkei Asian Review, repose « sur la conviction qu’il existe peu de risques de fuites technologiques » avec les industriels japonais. En outre, a-t-il ajouté, « si la part du travail se révélait telle que proposée, cela renforcerait l’industrie de la défense japonaise et l’alliance nippo-américaine. »

Mais, a priori, l’industriel américain ne vise pas seulement le marché du remplacement des F-2 japonais avec son idée d’avion « hybride ». Fin août, le site spécialisé Defence One a révélé que Lockheed-Martin aurait proposé à l’US Air Force une « nouvelle variante » du F-22 Raptor, laquelle serait dotée de l’avionique et du système de mission du F-35, le tout avec « certains changements structurels », notamment au niveau des « revêtements furtifs ».

L’enjeu pour l’aviation américaine est de pouvoir rivaliser avec ses homologues russes et chinoises dans le domaine de la supériorité aérienne. Or, elle ne dispose pas suffisamment de F-22 Raptor, étant donné qu’il fut décidé d’en arrêter la production en 2009 afin de financer le programme F-35. Initialement, l’US Air Force en attendait 750 exemplaires. Puis celle cible a été réduite à 350 après la chute de l’Union soviétique. Actuellement, elle en compte un peu plus de 180 en service.

En 2016, l’idée de relancer les lignes d’assemblage du F-22 Raptor fut avancée. Un rapport, commandé par le Congrès, doucha les espoirs des partisans d’une telle solution. Pour produire 194 avions supplémentaires (et porter la flotte à 350 exemplaires comme prévu), il en aurait coûté au moins 50 milliards de dollars (dont 10 milliards pour les coûts de redémarrage et 40 milliards pour l’acquisition des appareils).

D’où la solution proposée par Lockheed-Martin, laquelle a enthousiasmé le général David Deptula, un ancien responsable de l’US Air Force, aujourd’hui doyen du Mitchell Institute for Aerospace Studies. « Ce n’est pas un F-22. Ce n’est pas un F-35. C’est une combinaison des deux. Cela peut être fait beaucoup plus rapidement que le développement d’un nouveau design », a-t-il dit à Defence One.

Pour l’US Air Force, cela repousserait l’échéance pour mettre au point un avion de combat de 6e génération tout en lui permettant de combler ce qui pourrait devenir un déficit capacitaire en matière de supériorité aérienne. Du point de vue de Lockheed-Martin, proposer un tel appareil écarterait la concurrence dans le domaine de l’aviation de chasse… Mais cela pourrait aussi « plomber » le programme F-35.

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