Avec l’appui de la coalition, les Forces démocratiques syriennes se lancent à l’assaut d’un des derniers fiefs de l’EI en Syrie

Alors qu’elle s’était réduite ces derniers temps, l’activité des artilleurs français de la Task Force Wagram, désormais dotée de trois CAESAr [Camions équipés d’un système d’artillerie de 155mm], s’est accentuée la semaine passée, avec pas moins de 14 missions de tirs contre des positions de l’État islamique [EI ou Daesh] situées en territoire syrien, près de la frontière avec l’Irak.

Dans le même temps, des Rafale du Groupe de Bombardement 43, basé en Jordanie, ont détruit deux caches d’armes dans la vallée de l’Euphrate, en Syrie, grâce en partie à un « dialogue constant avec un contrôleur aérien avancé en charge de désigner l’objectif aux pilotes », a expliqué l’État-major des armées, dans son dernier compte-rendu hebdomadaire des opérations.

La raison de cette activité de la force Chammal s’explique très probablement par l’assaut que viennent de lancer, avec l’appui de la coalition anti-jihadite dirigée par les États-Unis, les combattants kurdes et arabes des Forces démocrations syriennes à Hajin, qui est l’un des derniers bastions de Daesh en Syrie, à une trentaine de kilomètres de la frontière avec l’Irak.

Cet assaut a été lancé dans le cadre de l’opération « Roundup », menée depuis le mois de mai sur la rive orientale de l’Euphrate.

« Les bombardements de la coalition se poursuivent et nos forces attaquent au sol », a indiqué un chef des FDS à l’AFP, en évoquant « d’intenses frappes d’artillerie et de raids aériens. » A priori, la tâche ne s’annonce pas aisée. « Les batailles seront féroces à Hajin car il y a les fortifications de l’EI », a-t-il souligné.

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui dispose d’un réseau d’informateurs en Syrie, a confirmé le lancement de l’assaut des FDS. Ces dernières ont « effectué une percée dans la localité de Hajine et ont pris certains secteurs, ouvrant un corridor pour permettre aux habitants de sortir », a-t-elle relevé, avant de préciser que les frappes aériennes et les tirs d’artilleries étaient les « plus intenses depuis plusieurs mois ». Au moins 17 jihadistes auraient été tués, selon ses informations.

Alors que, de son côté, elle se prépare à soutenir activement les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés dans la région d’Idleb, la Russie a accusé la coalition anti-jihadiste, en particulier les États-Unis, d’avoir utiliser des munitions au phosphore blanc lors d’un bombardement effectué à Hajin le 8 septembre.

« Deux avions F-15 américains ont mené des bombardements samedi (le 8 septembre) visant la localité de Hajin dans la région de Deir Ezzor avec l’utilisation de munitions incendiaires au phosphore », a indiqué le général russe Vladimir Savtchenko, via un communiqué diffusé le 9 septembre. « Ces frappes ont résulté en de puissants incendies. Nous éclaircissons les informations concernant d’éventuels morts et blessés », a-t-il ajouté.

Le phosphore blanc ne relève pas des armes chimiques, son usage étant strictement encadré par le Protocole III de la Convention sur les armes classiques, lequel interdit d’y avoir recours contre des objectifs militaires situés à l’intérieur d’une enclave civile. La France n’utilise pas de munitions de cette nature.

Quoi qu’il en soit, cet assaut donné à Hajin devrait sonner le glas de l’existence physique du califat proclamé en juillet 2014 par Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de Daesh.

« Il me semble que la relance de l’action contre Daech dans la moyenne vallée de l’Euphrate peut nous laisser envisager la chute définitive du califat, physique, à l’automne. La question du désengagement ne commencera à se poser qu’à ce moment. L’idée n’est pas de fixer une date de manière arbitraire pour initier le désengagement, mais bien de tenir compte de la situation sur le terrain », a expliqué le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées (CEMA), lors de sa dernière audition parlementaire, en juillet.

Pour autant, le CEMA se veut prudent sur l’avenir de Daesh qui, a-t-il expliqué, « continue à exister de manière clandestine, notamment sur le plateau d’Hawija situé entre Mossoul et Bagdad. » Et d’ajouter : « Très clairement, de longs mois, voire plusieurs années, devront passer avant que la situation ne soit pleinement stabilisée et que l’État de droit soit restauré en Irak. »

Récemment, une étude des Nations unies a pointé un autre facteur qui pourrait permettre à Daesh de « retrouver un nouvel élant », à savoir le « risque climatique. »

« La combinaison des ressources hydrauliques limitées, la hausse des températures et le climat extrême obèrent les ressources de base de l’Irak et sapent les moyens d’existence de la population. […] e pas agir contre les risques liés au climat accroîtra le danger de voir l’EI ou d’autres groupes terroristes post-EI gagner des soutiens et retrouver leur puissance dans les communautés aux ressources limitées », ont estimé les auteurs de cette étude.

« La graduelle disparition de l’eau et la crise de l’agriculture sont le résultat d’effets combinés du changement climatique, des précipitations de plus en plus erratiques, du déclin du débit [des fleuves – 40% ces dernières années, ndlr] d’Iran et de Turquie, du mauvais système d’irrigation en raison des dommages causés durant la guerre et du manque d’investissement. L’absence d’une gestion adéquate de l’eau exacerbe ces menaces », ont-ils encore souligné.

Photo : TF Wagram (c) EMA

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