Syrie : Le ton monte sérieusement entre Américains et Russes au sujet de la région d’At-Tanf

Quand le président russe, Vladimir Poutine, dit que le régime syrien doit recouvrer le contrôle de la totalité de son territoire, il ne parle pas seulement de la province d’Idleb, encore aux mains de groupes rebelles dominés par la coalition jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-Front al-Nosra, autrefois lié à al-Qaïda)… Mais aussi de la région d’At-Tanf, près de la frontière syro-jordanienne.

D’une surface de 55 km2, cette dernière est stratégique dans la mesure où elle est située sur l’axe Damas-Bagdad et que son contrôle permet d’empêcher les infiltrations terroristes en Jordanie. Depuis 2016, des commandos américains y sont déployés pour appuyer une faction de l’Armée syrienne libre contre les jihadistes de l’État islamique [EI ou Daesh].

L’an passé, cette région, pourtant déclarée « zone de déconfliction » par les états-major russes et américains, fut le théâtre de plusieurs incidents, obligeant la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis à intervenir contre les troupes gouvernementals syriennes et leurs alliés.

Mais depuis le début de ce mois, la Russie a haussé le ton au sujet de cette présence militaire américaine à At-Tanf. Au point d’avertir, au moins à deux reprises, Washington que ses forces ainsi que les troupes syriennes étaient désormais prêtes à lancer une offensive dans cette zone, qui, selon Moscou, abriterait des « terroristes ».

« Les Russes ont informé les États-Unis, le 1er septembre, via la ligne de communication [établie pour éviter les incidents en Syrie], qu’ils avaient l’intention d’entrer dans la zone de déconfliction d’At Tanf pour poursuivre les terroristes », a déclaré le lieutenant-colonel Earl Brown, un porte-parole de l’US CENTCOM, le commandement militaire américain pour l’Asie centrale et le Moyen-Orient.

« Les Russes ont indiqué par note écrite le 6 septembre qu’ils allaient faire des frappes de précision dans la zone de déconfliction d’At-Tanf contre les terroristes », a ensuite continué le lieutenant-colonel Brown. « Les États-Unis et leurs partenaires n’ont besoin d’aucune assistance pour y combattre l’EI et nous avons conseillé aux Russes d’en rester à l’écart », a-t-il insisté.

« Les Russes ont accepté une zone de déconfliction d’un rayon de 55 km autour d’At-Tanf afin d’éviter tout incident avec nos forces » et d’utiliser les « canaux de déconfliction », a rappelé l’officier. Aussi, il « n’y aucune raison pour que les forces russes ou pro-régime viennent violer les limites de cette zone », a-t-il assuré.

Aussi, afin de dissuader toute action dans le secteur d’At-Tanf, l’US CENTCOM y a lancé, le 7 septembre, un exercice d’assaut héliporté avec une centaine de soldats de l’US Marine Corps et des moyens d’artillerie.

« Nos forces vont démontrer leur capacité à se déployer rapidement, à attaquer une cible avec des forces aériennes et terrestres ainsi qu’à effectuer une exfiltration rapide dans toute la zone d’opérations » de la coalition [Inherent Resolve], a expliqué l’US CENTCOM. « Des exercices comme celui-ci renforcent nos capacités pour défaire le groupe État islamique et garantissent que nous sommes prêts à répondre à toute menace qui pèse sur nos forces », a-t-il ajouté.

Reste que la situation dans ce secteur demeure préoccupante. « Les États-Unis ne cherchent pas à combattre le gouvernement syrien ou des groupes qui pourraient lui apporter un soutien. Cependant, s’ils sont attaqués, les États-Unis n’hésiteront pas à utiliser la force nécessaire et proportionnée pour défendre leur forces, celles de la coalition et leurs partenaires », a prévenu le lieutenant-colonel Brown.

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