Otan : L’US Army va renforcer ses unités d’artillerie en Allemagne

Fin juin, il fut rapporté par le Washington Post que le Pentagone évaluait le coût d’un hypothétique départ de ses troupes d’Allemagne, où étaient alors affectés plus de 30.000 militaires américains.

« Les scénarios de redéploiement étudiés comprennent un retour à grande échelle des troupes américaines stationnées en Allemagne vers les États-Unis ainsi qu’un redéploiement total ou partiel des troupes américaines vers la Pologne, un allié de l’Otan qui a atteint les objectifs de dépenses de défense de l’Alliance », avait expliqué le quotidien à l’époque.

Justement, à ce moment, le président Trump, préparait le sommet de l’Otan, organisé à Bruxelles, en mettant la pression sur les Alliés qui ne respectaient pas l’objectif de porter les dépenses militaires à 2% de leur PIB. Et, parmi eux, l’Allemagne était particulièrement visée. Dans le même temps, la Pologne avait proposé 2 milliards d’euros à Washington pour bénéficier d’une présence militaire permanente sur son territoire.

Passé le sommet de l’Otan, lequel donna lieu à une « sortie » vigoureuse du président Trump sur la question des dépenses militaires ainsi que sur la politique allemande en matière d’approvisionnement en énergie, il n’est plus du tout question de réduire la présence militaire américaine en Allemagne. Cela dit, il n’est pas certain qu’elle ait été sérieusement envisagée…

Mieux même : le 7 septembre, Richard Grenell, l’ambassadeur des États-Unis en poste à Berlin, a annoncé que 1.500 militaires américains supplémentaires allaient être affectés en Allemagne d’ici 2020.

« Ces membres des forces armées américaines viendront en Allemagne avec leurs familles et seront déployés ici pour renforcer la sécurité de l’Otan et de l’Europe », a précisé M. Grenell. Les implantations militaires de Grafenwoehr, Hohenfels, Ansbach et Baumholder, seront concernées.

D’après un communiqué de l’US Army, il s’agit de déployer deux bataillons dotés de lance-roquettes multiples, d’une unité de défense aérienne à courte portée et d’un état-major pour une brigade d’artillerie de campagne.

Ces « renforts » amélioreront le « niveau de préparation de l’US Army en Europe et nous permettront de mieux réagit en cas de crise », a fait valoir l’US Army.

La ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, s’est félicitée de cette annonce. « La décision américaine de renforcer sa présence militaire en Allemagne est signe bienvenu de la vitalité des relations transatlantiques », a-t-elle commenté. « Et c’est aussi un engagement envers la sécurité commune », a-t-elle ajouté.

En tout, l’annonce de Richard Grennell et la réaction de Mme von der Leyen ne vont pas dans le sens du président français, Emmanuel Macron. « L’Europe ne plus remettre sa sécurité aux seuls États-Unis » et « c’est à nous, aujourd’hui, de prendre nos responsabilités et de garantir la sécurité, et donc la souveraineté européenne », avait-il déclaré, le 27 août.

En outre, elle est une réponse, en quelque sorte, aux propos tenus fin août par Heiko Maas, le chef de la diplomatie allemande, lequel avait plaidé, dans une tribune publié par le quotidien économique Handelsblatt, pour une redéfinition de la relation entre Berlin et Washington.

« Vu les circonstances, il est d’importance stratégique que nous disions clairement à Washington : nous voulons travailler ensemble. Mais nous ne vous permettrons pas de porter atteinte à nos intérêts sans nous consulter », avait écrit M. Maas.

« C’est une contribution importante parce que cela exprime avec d’autres mots ce que j’ai dit, que la relation transatlantique est en train de changer, que nous devons prendre plus de responsabilités, que l’Europe doit prendre son destin en main », avait ensuite estimé Angela Merkel, la chancelière allemande, au sujet de la tribune de son ministre des Affaires étrangères.

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