Pékin proteste après le passage du navire britannique HMS Albion près d’îles contestées en mer de Chine méridionale

Bien que la Cour pénale d’arbitrage de La Haye a estimé que les revendications territoriales chinoises en mer de Chine méridionale n’avaient « aucun fondement juridique », Pékin continue d’y aménager des îlots et des récifs artificiels à des fins militaires. Comme cette région est un carrefour de routes maritimes commerciales, la liberté de navigation pourrait ne plus être garantie dans la mesure où l’Armée populaire de libération [APL] serait en mesure d’en interdire l’accès au gré des évolutions géopolitiques.

« Il y a deux choses en mer de Chine : un enjeu régional, qui ne nous concerne pas, et un enjeu mondial : la remise en cause du droit de la mer. […] La France, deuxième nation maritime au monde, n’est pas indifférente à la remise en cause du droit maritime international observée en mer de Chine méridionale ces dernières années », expliquait récemment l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la Marine nationale, lors d’une audition parlementaire.

Aussi, régulièrement, un navire français croise en mer de Chine méridionale afin de « faire prévaloir le droit maritime international. » Ces « mouvements ne passent pas inaperçus, tant auprès nos partenaires chinois qui nous suivent sans agressivité, que des pays voisins qui constatent que la France était jusqu’à très récemment le seul pays européen présent dans ces eaux », avait aussi déclaré l’amiral Prazuck, en avril dernier.

L’autre pays européen qui s’intéresse de près la mer de Chine méridionale est le Royaume-Uni. Et si le passage de bâtiments français dans ces eaux ne suscite généralement pas de protestations de la part de Pékin, il en va autrement pour celui effectué récemment par le navire de transport de chalands de débarquement britannique HMS Albion.

Le 31 août, et à l’instar de l’US Navy, qui conduit régulièrement des opérations dites « FONOP » [Freedom of navigation operation] afin de défendre cette liberté de navigation en mer de Chine méridionale, le HMS Albion aurait navigué un peu trop près, au goût de Pékin, de l’archipel des Paracels, par ailleurs revendiqué par le Vietnam et Taïwan.

Ce qui a donné lieu à l’intervention d’une frégate et deux hélicoptères chinois. Selon une source militaire interrogée par Reuters, il n’y a pas eu d’incident, les « deux parties » étant « restées calmes lors de la rencontre. »

Il n’est pas été précisé si le HMS Albion, qui affiche un déplacement de 20.000 tonnes, s’est approché à moins de 12 milles d’un des îlots de l’archipel des Paracels. Pour Pékin, qui a dénoncé une « provocation », le navire de la Royal Navy a « pénétré sans autorisation dans les eaux territoriales chinoises », avant d’être « incité » à changer de cap.

« Le HMS Albion a exercé ses droits pour la liberté de navigation en conformité avec les règles internationales », a répondu un porte-parole de la Royal Navy.

Quoi qu’il en soit, « la Chine demande instamment au Royaume-Uni de cesser immédiatement ces actes de provocation afin de ne pas porter atteinte aux relations bilatérales, ainsi qu’à la paix et à la stabilité régionales », a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères, via un communiqué. Et de prévenir : « La Chine continuera à prendre toutes les mesures nécessaires pour défendre sa souveraineté et sa sécurité. »

En attendant, doté du système de défense anti-missile antinavire Goalkeeper CIWS, de deux canons de 20 mm, d’un radar de veille 3D surface-air Type 996 ainsi que de moyens de guerre électronique, le HMS Albion devait faire escale à à Hô-Chi-Minh-Ville, le 3 septembre, après un déploiement au Japon.

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