Le général Lecointre veut un système de retraite plus « équitable » pour les militaires sous contrat

Contrairement à une idée visiblement largement répandue, l’on ne cotise pas pour assurer ses vieux jours, comme cela serait le cas dans le cadre d’un système par de retraite par capitalisation, mais pour financer les pensions de ceux qui sont déjà à la retraite. C’est en effet le principe du système par « répartition », dont l’équilibre financier dépend du rapport entre le nombre de cotisants et celui des retraités. Certains esprits taquins l’assimilent au « système de Ponzi », qui consiste à rémunérer les investissements des clients les plus anciens par les fonds apportés par de nouveaux entrants.

֤Évidemment, la démographie étant ce qu’elle est (et l’on ne parle pas du marché du travail), les gouvernements successifs ont tous cherché à réformer le système de retraites, en usant le plus souvant des mêmes ficelles (rallonger la durée de cotisation, par exemple). Et celui conduit par Édouard Philippe n’y échappera pas. D’ailleurs, ce dossier l’attend en 2019. Pour le moment, et si l’on se fie au programme défendu par Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle de 2017, il est question d’instaurer un système par points ou un compte dit « notionnel ».

Cette dossier délicat, dont les modalités sont en cours d’étude par Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire à la réforme des retraites, ne manque pas de susciter des interrogations, si ce n’est des craintes chez les militaires dans la mesure où la reconnaissance de la spécificité de leur métier pourrait en souffrir.

« Les militaires sont principalement des gens qui sont sous contrat, qui bénéficient, de par leur engagement sur les théâtres d’opérations […] d’un certain nombres de bonifications. Or, nous n’avons aucune assurance que, dans le prochain régime [de retraite], ces dispositifs de bonifications pourront être maintenus », expliquait, en octobre 2017, Jean-Paul Bodin, le secrétaire général pour l’administration.

Et les craintes sont d’autant plus vives que cette réforme des retraites va se télescoper avec celle de la Nouvelle politique de rémunération des militaires [NPRM].

Le 13 juillet, lors de son discours prononcé à l’Hôtel de Brienne, le président Macron s’était voulu rassurant, en affirmant qu’il veillerait à la prise en compte des « spécificités du métier militaire  » et de « l’exigence du modèle [d’armée] dans le cadre de cette réforme des retraites.

Lors de son audition, quatre jours plus tard, par les députés de la commission de la Défense [le compte-rendu a été rendu public en début de semaine, ndlr], le chef d’état-major des armées [CEMA] a évoqué ce dossier sensible.

« Concernant la réforme des retraites, nous avons reçu un premier courrier de Mme Buzyn [ministre des Solidarités et de la Santé, ndlr] et de M. Delevoye dans lequel ceux-ci ont affirmé la singularité des armées et la nécessité de conserver un système de retraite qui permette aux militaires de quitter l’armée après quelques années de service seulement, de façon à conserver une armée jeune », a affirmé le CEMA.

« Aujourd’hui, les travaux sont lancés. […] Nous réfléchissons à la manière dont nous préserverons ce système. Le principe de son maintien nous semble être acquis », a ajouté le général Lecointre

Pour autant, a-t-il également dit, « je souhaite que nous soyons encore plus équitables que ce que nous l’avons été jusqu’à présent. Je pense notamment que le système par points permettra d’être plus équitable vis-à-vis des militaires sous contrat, qui passent peu de temps dans les armées. »

« En définitive, je souhaite être plus équitable, préserver la singularité militaire et la jeunesse de notre ressource humaine et conserver une incitation pour garder les gens qui pourraient bénéficier de la retraite à jouissance immédiate mais dont je ne souhaite pas qu’ils quittent les armées au moment où nous avons besoin de leurs compétences », a encore insisté le général Lecointre.

Photo : Ministère des Armées

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