Yémen : L’Espagne annule une commande de munitions passée par l’Arabie Saoudite

Le 1er septembre, la coalition qui, emmenée par l’Arabie Saoudite, intervient actuellement au Yémen pour appuyer les forces du président Abd Rabbo Mansour Hadi face aux rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, a reconnu avoir commis des « erreurs » lors d’une frappe contre un bus, laquelle a tué 51 personnes, dont 40 enfants, dans la province septentrionale de Saada. Et d’assurer que des sanctions seraient prises.

Cependant, Mansour al-Mansour, le porte-parole de la commission d’enquête mise en place après ce drame, a tout de même soutenu que les bus visé transportait bel et bien des chefs de la rébellion Houthis et que certains d’entre-eux ont été tués. L’une des erreurs, selon lui, est que l’ordre de ne pas viser le véhicule qui se trouvait alors au milieu de civils était « arrivé en retard ». Une autre est que « la cible ne constituait pas un danger immédiat et que cibler le bus dans une zone résidentielle n’était pas justifié à ce moment-là. »

Par la suite, le commandement de la coalition arabe a promis que « toutes les mesures nécessaires » seraient prises « pour punir ceux dont la responsabilité sera confirmée dans ces erreurs. »

Par ailleurs, un peu plus d’une semaine après cette frappe meurtrière, l’on apprenait que la bombe Mk 82 à guidage laser utilisée avait été fourni par les États-Unis, plus précisément par Lockheed-Martin.

Pour rappel, la frappe en question avait été effectuée après le tir d’un missile balistique par les rebelles Houthis en direction de la localité saoudienne de Jizane.

Quoi qu’il en soit, cette bavure n’aura été pas été la première de la coalition arabe… D’où la pression que mettent certaines ONG sur les pays qui fournissent des équipements militaires à l’Arabie Saoudite, voire aux Émirats arabes unis. Et, lors de la leçon inaugurale de l’Ecole d’affaires publiques de Sciences Po à Paris à laquelle elle avait été conviée, la ministre des Armées, Florence Parly, a dû se justifier une nouvelle fois, à l’heure où des Véhicules VAB Mk 3, initialement destinés au Liban, sont livrés à Riyad.

« J’ai totalement conscience qu’au Yémen, la situation humanitaire est désastreuse. Je suis révoltée comme vous », a affirmé Mme Parly, en répondant à une question posée par un étudiant. Et, comme l’avait déjà eu l’occasion de le faire lors d’une audition à l’Assemblée nationale, elle a expliqué que « l’Arabie utilise les armes que nous lui avons fournies pour se défendre. »

« Au Yémen, nous n’avons vendu aucune arme. Nous avons vendu des armes à l’Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis. A ma connaissance, aucune arme vendue par la France n’est utilisée contre les populations civiles », a également fait valoir Mme Parly.

En Espagne, où le gouvernement est désormais dirigé par le socialiste Pedro Sanchez, il a été décidé d’annuler une commande de 400 bombes à guidage laser destinées à l’Arabie Saoudite, en raison de l’intervention qu’elle conduit au Yémen. Cet information, révélée par la radio Cadena SER, a été officiellement confirmée le 4 septembre par le ministère espagnol de la Défense.

Cette annonce a été faite alors que le Xiana Méndez, la secrétaire d’État au Commerce, dont dépendent les exportations espagnoles d’armes, recevait les représentants de plusieurs ONG, dont Greenpeace, Oxfam et Amnesty International.

Selon Lara Contreras, d’Oxfam, le gouvernement espagnol n’a pas pris d’autres engagements lors de cette rencontre. Mais l’annulation de la commande de ces 400 bombes, d’une valeur de 9,2 millions d’euros, représente « 1% des ventes qui se font à l’Arabie saoudite » mais « c’est un message clair que c’est quelque chose d’important » pour Madrid, a-t-elle estimé, d’après l’AFP.

En 2017, l’Espagne a exporté pour 270 millions d’équipements militaires en direction de l’Arabie Saoudite. En outre, en juillet, Madrid et Riyad ont signé accord pour la livraison de cinq corvettes Avante 2200 à la marine saoudienne, pour un montant total de 1,8 milliard d’euros. De quoi donner une bouffée d’oxygène au constructeur naval Navantia et créer (ou maintenir) environ 6.000 emplois en Espagne pendant cinq ans.

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