Le ministère des Armées serre la vis sur les activités de transmission des traditions dans les lycées militaires

Ce 3 septembre, 4.000 élèves ont leur rentrée dans un établissement scolaire dépendant du ministère des Armées, ouverts essentiellement aux enfants de militaires (70% des cas) et de fonctionnaires (15% maximum). À noter qu’ils accueillent également 15% de jeunes boursiers issus en priorité des zones urbaines sensibles (15%).

Avec des familles « soumises aux mobilités géographiques fréquentes inhérentes à l’engagement de nos militaires, les Armées se doivent d’offrir à leurs enfants un cadre éducatif stable et performant », explique le ministère.

Sous encadrement militaire mais avec un enseignement dispensé par des professeurs de l’Éducation nationale, ces établissements scolaires affichent d’excellents résultats, avec, en 2018, 99% d’admis au Baccalauréat, dont 78% avec mention.

Dans le cadre de la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25, promulguée cet été, ces établissements vont bénéficier d’une enveloppe de 100 millions d’euros, via le « Plan Lycées », dont l’objectif est « d’offrir de meilleures conditions d’accueil aux élèves en améliorant l’état des infrastructures » ainsi que d’élargir et de diversifier « le panel des formations » afin de répondre aux besoins des Armées dans certains domaines, comme le cyber, la mécatronique et la maintenane aéronautique. « Des investissements dans les infrastructures et le recrutement de professeurs et encadrants supplémentaires seront ainsi réalisés », assure le ministère des Armées.

Seulement, des affaires de bizutages, teintées de sectarisme et de sexisme, ont porté une ombre à la réputation de certains de ces établissements, comme en mars dernier, au lycée militaire de Saint-Cyr-l’École. Aussi, un effort particulier sera fait pour que « les activités déviantes de quelques-uns, sous couvert de pseudo-traditions, n’entachent pas la réputation de ces établissements et le respect des valeurs militaires et républicaines. »

Ce phénomème concernant le plus souvent les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), le « Plan Lycées » prévoit 10 mesures qui, proposées par les inspecteurs généraux des armées, seront mises en application dès cette rentrée.

En premier lieu, l’encadrement sera plus féminisé, en « trouvant un juste équilibre sur son taux de féminisation, y compris parmi les officiers. » Ainsi, un taux de féminisation de 50% a été fixé pour encadrer les sections « Lettres » des CPGE du Lycée militaire de Saint-Cyr-l’École. Il s’agit, explique le ministère des Armées, d’être en « avec la mixité des élèves des classes prépas. »

Ensuite, des périodes d’activités militaires pour les élèves des CPGE seront prévues. « Les activités militaires permettent aux étudiants de prendre conscience des exigences et des réalités de leur métier futur et d’appréhender les vraies valeurs militaires. Les élèves des prépas militaires n’ayant par ailleurs pas le statut de militaire mais désirant le devenir, aucun décalage ne doit se créer entre la réalité rêvée du métier des armes et les activités proposées par les lycées », fait-on valoir au ministère.

L’idée est aussi de ne laisse aucun espace à des activités non-encadrées de « prétendues traditions » non conformes aux valeurs des Armées.

Sur ce point, toute activité de transmission des traditions au sein d’un lycée devra être approuvée par le chef de corps, en liaison avec le proviseur. Tout manquement sera sanctionné « avec fermeté et rapidité ».

Ensuite, il n’y aura plus qu’une seule « corniche » par lycée militaire. « Les lycées de la défense préparent à l’ensemble des recrutements d’officiers dans des armées qui partagent toutes les mêmes valeurs. Il ne peut y avoir d’esprit différent dans des structures spécifiques. Cette mesure permet le brassage des profils dans la même année scolaire, en évitant des regroupements qui peuvent générer des sentiments d’appartenance exclusifs », fait valoir le ministère des Armées.

En outre, un effort sera fait sur la mixité, avec une représentation mixte au sein des classes et la mise en place d’un « référent mixité » au sein de l’encadrement. « Les étudiantes doivent être représentées à la même hauteur que leurs camarades étudiant » et il « est indispensable d’avoir au sein de l’encadrement une personne identifiée sur les enjeux de mixité, pour jouer un rôle de veille et de conseil ».

Enfin, une exclusion d’un lycée militaire pour une faute grave de comportement sera valable pour l’ensemble des établissements et devra être signalée aux « organismes de recrutement » des armées. « Cela empêchera notamment un élève de passer d’un lycée à un autre en toute impunité, et permettra, en cas de réussite à un concours d’une grande école militaire d’éveiller la vigilance de l’encadrement de l’école concernée », justifie le ministère.

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