L’armurier français Verney-Carron veut être dans la course pour remplacement du fusil FR-F2 de l’armée de Terre

Le 18 août, la Direction générale de l’armement [DGA] a diffusé un avis public à la concurrence afin d’acquérir 2.600 « fusils de précision semi-automatique » [FPSA] de calibre 7,62, 1.800 lunettes de visée à intensification de lumière, 1.000 systèmes d’imagerie thermique et 6,3 millions de munitions de 7,62 x 51 mm. Cet appel d’offres vise à remplacer les Fusils à Répétition modèle F2 [FR-F2] qui ont fait leur temps.

Pour éviter les mauvaises surprises, la DGA entend que les candidats éventuels à cet appel d’offres aient une certaine assise industrielle et financière. Aussi, comme elle le fit quand il fallait trouver un successeur au FAMAS, elle a mis des conditions pour prendre part à cette procédure, dont une fixant à 50 millions d’euros le montant annuel du chiffre d’affaire des éventuels soumissionnaires.

Or, cette disposition exclut de facto l’armurier français Verney-Carron qui, connu pour ses armes de chasse, avait déjà visé, sans succès, le marché du remplacement des FAMAS.

Depuis que ce contrat a été attribué à l’allemand Heckler & Koch (fusil HK-416), l’industriel stéphanois a créé un pôle « défense et sécurité » et présenté deux nouvelles armes destinés au marché militaire : le fusil d’assault VC-15 et le fusil de précision VC-10.

Seulement, Verney-Carron est loin de réaliser le chiffre d’affaires annuel exigé par la DGA étant donné que son dernier bilan fait état de 13,6 millions d’euros de recettes, dont la moitié à l’exportation.

Pour autant, son Pdg, Guillaume Verney-Carron, n’entend pas abandonner la partie pour le remplacement des FR-F2. Dans un entretien donné à France Bleu Saint-Étienne Loire, le 29 août, a dit chercher des partenaires afin de créer un groupement d’opérateurs économiques, comme l’autorise l’appel d’offres de la DGA.

Mais, visiblement, l’industriel ne digère pas cette clause relative au chiffre d’affaires et met en cause un éventuel « travail de lobbyiste » de ses concurrents.

« Il y a probablement un travail comme ça qui a été fait. Il y a certainement des informations qui sont remontées au niveau de l’état-major des armées sur du lobbying. Mais il y a surtout après une optique de s’adresser à des entreprises qui ont des reins solides. Je ne dis pas que j’approuve mais j’essaye de me mettre à leur place », a ainsi déclaré M. Verney-Carron.

« Moi, je pense que de gros fabricants européens font probablement appel à des lobbyistes. Mais on peut tout trouver. De vraies sociétés de lobbying. Mais on pourrait aussi faire appel, comme ça se fait souvent dans le secteur de la sécurité, à d’anciens généraux à la retraite qui ont gardé un réseau et qui peuvent faire passer des informations », a ensuite ajouté le Pdg de la PME stéphanoise.

« C’est pas le cas de Verney-Carron parce qu’on a un problème de moyens. On a les moyens d’une PME industrielle de 90 salariés qui fait 13 millions d’euros. Et on est très loin des chiffres d’affaire de nos concurrents européens qui sont plutôt sur des bases de 200, 450 millions d’euros de chiffre d’affaires », a-t-il conclu.

Cela étant, l’appel d’offre sur le FPSA ne consiste pas seulement à acquérir 2.600 fusils de précision. Même si le recours à des sous-traitants est autorisé, celui qui le remportera devra fournir des optiques de visée, des modules à intensification de lumière et à infrarouge, un nombre conséquent de munitions et tout le nécessaire pour assurer la maintenance de ces armes. Aussi, Verney-Carron serait-il en mesure de livrer l’ensemble de ce qui est demandé par la DGA?

Par ailleurs, le « lobbying » n’est pas spécialement réservé aux grands groupes, certains cabinets proposant leurs services aux PME… Et tout commence aussi par une communication efficace. Or, la visibilité du pôle Défense de Verney-Carron n’est malheureusement pas optimale, son site Internet étant, à l’heure actuelle, encore en construction.

Photo : FR-F2

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