Pour améliorer son image et son recrutement, la Bundeswehr se tourne vers les jeunes de moins de 18 ans

L’an passé, la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen a annoncé que les effectifs de la Bundeswehr passeraient de 179.000 à 198.000 militaires d’ici 2024. En terme de recrutement, le défi est immense, sachant que, outre-Rhin, le métier de soldat n’a pas forcément bonne presse.

Ainsi, en 2017, 21.000 postes étaient vacants au sein de la Bundeswehr. Et, d’ici 2030, la moitié des militaires allemands d’active partira à la retraite. Outre la question démographique, lee faible taux de chômage outre-Rhin n’aide pas à régler les problèmes de recrutement, notamment pour les spécialités les plus courues, comme celles liés à la cybersécurité.

Cet été, le parti démocrate-chrétien (CDU/CSU) a mis sur le tapis le retour de la conscription, suspendue en 2011. Si cette idée a les faveurs de plus de 55% de l’opinion publique allemands, elle n’enchante pas spécialement la Bundeswehr, comme l’a expliqué son chef d’état-major, le général Eberhard Zorn, dans un long entretien accordé au quotidien Die Zeit.

Un autre moyen de remédier aux problèmes de recrutement de la Bundeswehr serait de permettre à des volontaires étrangers de rejoindre ses rangs. Cette idée, ancienne puisqu’elle avait été avancée il y a déjà 7 ans, a récemment pris du coffre ces dernières semaines, alors que le dernier Livre blanc sur la Défense allemand, publié en juillet 2016, évoquait déjà cette possibilité pour les ressortissants de l’Union européenne.

En effet, fin juillet, un porte-parole du ministère allemand de la Défense a confirmé que cette solution était sérieusement envisagée. « La Bundeswehr grandit. Pour cela, nous avons besoin de personnel qualifié », a-t-il justifié auprès de l’agence de presse DPA.

Politiquement, ce projet ne suscite pas d’opposition au sein de la coalition gouvernementale, à la condition qu’il y ait des garde-fous. « Si les citoyens d’autres pays sont acceptés, sans la promesse d’obtenir un passeport allemand, la Bundeswehr risque de devenir une armée de mercenaires », a ainsi fait valoir Karl-Heinz Brunner, l’expert du parti social-démocrate (SPD) pour les affaires de défense.

Mais cette solution ne permettra pas de résoudre les problèmes de recrutement de la Bundeswehr. Du moins tant qu’elle n’aura pas améliorer son image auprès d’une population allemande rétive à ce qui a trait à la « chose militaire ». Aussi s’adresse-t-elle en priorité aux mineurs, dont elle a augmenté le recrutement au cours de ces dernières années, ce qui ne va pas, d’ailleurs, sans susciter des polémiques.

Depuis la fin de la conscription, 10.000 jeunes en passe d’atteindre leur majorité ont ainsi été recrutés par la Bundeswehr. Et cette tendance s’est accélérée ces derniers moins. Ainsi, en 2017, ils ont été 2.128 à souscrire un engagement militaire (soit 11,4% de plus par rapport à l’année précédente et ce qui représente 9% des recrues).

Le recrutement des mineurs est évidemment encadré. Ces jeunes ne peuvent pas être envoyés sur un théâtre d’opérations extérieur et ils manient des armes uniquement dans le cadre de leur instruction. Enfin, ils ne sont pas autorités à monter la garde et ils peuvent dénoncer leur contrat à tout moment durant les six premiers mois.

Pour séduire cette catégorie de la population, le ministère allemand de la Défense a porté son effort sur la communication via les réseaux sociaux, avec un budget de 35 millions d’euros. Et, visiblement, cela porte. Des reportages sur le quotidien des soldats au Mali ont été vus plus de 64 millions de fois sur Youtube, où le compte de la Bundeswehr compte plus de 300.000 abonnés. Et le trafic sur le site dédié au recrutement a bondi de 60%.

Sur Facebook, la Bundeswehr réunit plus de 420.000 personnes, soit autant que la page « Armées françaises – opérations militaires« .

Si elle a eu des résultats en terme de recrutement, cette campagne de communication a permis d’améliorer l’image de la Bundeswehr, pourtant écornée par ses problèmes récurrents de matériels.

Ainsi, une enquête réalisée auprès de 20.000 étudiants par l’institut Trendence indique que la Bundeswehr est désormais considérée comme le troisième employeur le plus attractif d’Allemagne, derrière la police et Adidas mais devant BMW, Audi et Microsoft.

« La Bundeswehr est aujourd’hui une armée de volontaires. Par conséquent, elle doit approcher les jeunes pour les conquérir », a justifié une porte-parole du service des ressources humaines de la Bundeswehr, citée par l’agence Reuters.

Reste que ces efforts ne sont pas toujours bien vus, comme récemment lors du Gamescom de Cologne, où sa campagne d’affichage a fait polémique car elle brouillait la frontière entre la réalité et les jeux vidéos. Cependant, une pétition demandant à Mme von der Leyen de mettre un terme au recrutement des jeunes de moins de 18 ans, lancée l’an passé, n’a réuni que 30.000 signatures… Dix fois moins que le nombre d’abonnés à la page Youtube de la Bundeswehr…

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]