Marine nationale : La procédure pour acquérir 6 nouveaux patrouilleurs destinés à l’outre-Mer est lancée

La Loi de programmation militaire 2019-25, promulguée par le président Macron le 13 juillet, prévoit (enfin) le renouvellement des patrouilleurs de la Marine nationale, avec l’acquisition de 6 navires destinés à l’outre-Mer.

Initialement, dans le cadre du programme BATSIMAR [Bâtiment de surveillance et d’intervention maritime], dont le lancement a été constamment retardé depuis plus de 10 ans, il était question de remplacer les patrouilleurs P-400 et les avisos A-69 par un seul et même type de navire. Mais, pour des raisons de coûts, cette approche a été abandonnée, comme l’avait indiqué l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], lors d’une auudition parlementaire.

« Après plusieurs années de bataille pour avoir des BATSIMAR outre-mer, j’ai proposé de différencier ce programme », avait indiqué le CEMM. Et d’ajouter : « Je propose donc de déployer outre-mer des bateaux deux à trois fois moins chers, pour les avoir plus vite. Je suis donc prêt à échanger du niveau de spécification contre un raccourcissement des délais.

Le 12 août, le ministère des Armées, via la Direction générale de l’armement [DGA] a lancé un appel d’offres en vue d’acquérir de nouveaux patrouilleurs pour la Nouvelle Calédonie, La Réunion et Polynésie Française. Pour rappel, deux Patrouilleurs légers guyanais (PLG) ont d’ores et déjà été mis en service en Guyane et un troisième a été commandé pour les Antilles.

Selon cet appel d’offres [dont l’existence a été révélée par l’hebdomadaire Le Marin], le marché prévoit le « développement », la « réalisation » et la « fourniture de patrouilleurs hauturiers destinés à la Marine nationale et inclut leur « maintien en conditions opérationnelles » ainsi que la « réalisation de prestations associées. »

Par rapport aux P-400, les nouveaux patrouilleurs seront plus longs [70 mètres contre 54,80 mètres], avec un tirant d’eau inférieur ou égal à 3,8 mètres [2,54 mètres pour les P-400]. Devant être adapté aux conditions climatiques des régions où il sera déployé [forte chaleur et hygrométrie élevée, notamment] pour des missions de 30 jours sans ravitaillement, chaque patrouilleur sera armé par un équipage de 35 marins et disposera d’une capacité d’accueil de 18 personnes.

Devant, comme il se doit, bénéficier de « bonnes capacités de manoeuvrabilité et de tenue à la mer », ces nouveaux patrouilleurs seront en mesure de mettre en oeuvre des plongeurs, deux embarcations rapides d’intervention ainsi qu’ un drone aérien à voilure tournante d’environ 700 kg [avec « stockage sous abri, maintenance et mise en oeuvre avec moyens associés d’aide à l’appontage et de sécurisation de zone de vol »].

Ce dernier point, bien que nouveau, n’est pas une surprise dans la mesure où la Marine nationale a eu l’occasion de tester le drone tactique S-100 Camcopter à bord de l’OPV L’Adroit. Mais au regard des spécifications définies, ces futurs patrouilleurs embarqueront un SDAM [Système de Drone Aérien pour la Marine], dont l’étude a été confiée à Airbus. L’industriel planche sur une solution appelée « VSR-700 », qui repose sur l’hélicoptère civil léger Cabri G2, développé par la PME française Guimbal.

Un tel appareil permettra au patrouilleur de disposer d’un « capteur déporté », ce qui lui donnera la capacité de voir « plus loin ».

Enfin, chaque patrouilleur « sera équipé d’une capacité de manutention autonome pour le levage de matériels et pourra transporter des armes et des munition », « disposera d’un système de visualisation de situation tactique » et « intégrera des moyens de communication civils et militaires [notamment moyens HF et satellitaire]. »

Rien n’est dit au sujet de l’armement de ces nouveaux navires. « Le premier système de combat d’un patrouilleur, c’est son pavillon français. Celui-ci montre l’exercice par la France de sa souveraineté dans ces zones, mais rappelle aussi la présence derrière le patrouilleur de toute une flotte […] qui exerce avec lui cette souveraineté », fit valoir l’amiral Prazuck en 2016.

L’ambition de la Marine nationale est de pouvoir disposer, par territoire ou collectivité d’outre-mer, de deux patrouilleurs, d’un bâtîment multimissions [B2M] et d’une frégate de surveillance.

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