L’Iran a dévoilé le Fateh Mobin, un nouveau missile balistique supposé être capable d’atteindre des cibles maritimes

Dans l’accord de Vienne relatif à son programme nucléaire, que le président américain, Donald Trump, a dénoncé en mai dernier, l’Iran devait s’abstenir « d’entreprendre d’activité liée à des missiles balistiques capables de transporter des armes nucléaires » et de « s’abstenir d’effectuer des tirs recourant à la technologie des missiles balistiques » pendant 8 ans.

Ce point, développé dans la résolution 2231 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unis, a fait l’objet d’interprétations contradictoires, le régime iranien considérant, notamment, qu’il ne l’empêchait pas de continuer à mettre au point des missiles balistiques étant donné qu’il avait pris l’engagement de ne pas développer d’armes nucléaires dans le cadre de l’accord de Vienne.

Aussi, l’Iran a poursuivi ses activités dans ce domaine des. C’est ainsi qu’ont été dévoilés ou testés, depuis octobre 2015, les missiles « Emad », « Khorramshahr » et, le 13 août, « Fateh Mobin ». Est-ce cet engin qui aurait été tiré au début du mois, lors de manoeuvres navales conduites par les Gardiens de la révolution dans le détroit d’Ormuz? Difficile à dire pour le moment…

Quoi qu’il en soit, le ministre iranien de la Défense, le général Amir Hatami, a donc fait l’article sur ce « Fateh Mobin » qui, visiblement, est une évolution du Fateh 110, en production depuis 2002.

« Comme nous l’avons promis à notre cher peuple, nous n’épargnerons aucun effort pour renforcer les capacités des missiles balistiques du pays », a déclaré le général Hatami. « Nous renforcerons tous les jours notre puissance balistique », a-t-il ajouté.

« Soyez sûrs que plus les pressions et la guerre psychologique contre la grande nation d’Iran seront importantes, plus notre volonté à améliorer notre capacité de défense dans tous les domaines sera renforcée », a-t-il encore insisté.

« Ce nouveau missile, conçu et fabriqué grâce à une technologie de pointe 100% iranienne, est à même d’intercepter et de frapper des cibles spécifiques terrestres et maritimes. Il est opérationnel même en pleine guerre électronique. La conception, la fabrication et le test de l’engin ont été tous effectués en Iran », ont rapporté les médias iraniens.

Par rapport au Fateh-110, dérivé du missile Zelzal-2 (lui-même conçu à partir du 9K52 Luna-M d’origine soviétique), l’aspect du Fateh Mobin ne présente pas de grandes différences, si ce n’est la présence d’un cône arrondi à son extrémité. Cette coiffe abriterait, selon un responsable militaire iranien, un système de guidage amélioré.

Reste que les images présumées d’essais de ce missile, diffusées opportunément par Youtube, ne permettent pas de confirmer les affirmations du général Hatami et de la presse iranienne, étant donné que l’on y voit le missile frapper une cible terrestre immobile et non en mouvement.

Missilier de formation, l’amiral Bernard Rogel, ancien chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM), aujourd’hui en poste à l’Élysée auprès du président Macron, fit part de son scepticisme sur la capacité qu’aurait un missile balistique à toucher un navire – donc une cible en mouvement, alors qu’il était interrogé lors d’une audition parlementaire sur les avancées chinoises dans ce domaine.

« Je n’ai pas d’éléments précis sur les missiles antinavire chinois. J’en entends parler mais il me paraît difficile d’atteindre un bâtiment en mouvement avec un missile balistique. Mais pourquoi pas ? Les Chinois ont montré qu’ils étaient capables d’aveugler des satellites avec des lasers. Cependant, je me méfie. On m’expliquait, il n’y a pas longtemps, que les sous-marins étaient une arme du passé parce que les satellites les détecteraient partout : nous avons encore de la marge. Il ne faut pas se laisser prendre à la guerre des rumeurs, qui servent aux uns et aux autres à obtenir des moyens supplémentaires », avait expliqué l’ex-CEMM.

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