Comment l’espace pourrait révolutionner le transport aérien militaire?

L’auteur des aventures de Tintin, Hergé, avait plus de 50 ans d’avance quand il imagine une fusée réutilisable pour faire le voyage jusqu’à la lune. En effet, la société américaine SpaceX développe actuellement le lanceur BFR [Big Falcon Rocket], qui sera totalement réutilisable, contrairement à ses deux prédécesseurs, les Falcon 9 et Falcon Heavy, dont seuls le premier étager les boosters sont susceptibles de servir pour un autre lancement.

Le fait que ce lanceur sera réutilisable permettra de réduire nettement les coûts d’exploitation. Ce qui, évidemment, n’est pas négligeable. En outre, la BFR pourra emporter une charge de 150 tonnes. Et cette capacité a de quoi donner quelques idées à l’Air Mobility Command, chargé d’assurer les missions logistiques au sein de l’US Air Force.

Son chef, le général Carlton Everhart, a ainsi estimé que l’espace pouvait révolutionner le transport aérien militaire. Les dirigeants de SpaceX « me disent qu’ils peuvent le tour du monde en 30 minutes avec un lanceur BFR. Pensez-y. Trente minutes, 150 tonnes métriques et moins que le coût d’un C-5 [Galaxy] », a-t-il confié à des journalistes, le 2 août dernier.

Une heure de vol sur C-5 Galaxy coûte 49.000 dollars. Sachant qu’il en fait souvent une dizaine pour acheminer des fret à l’autre bout du monde, la facture grimpe vite… Peut-elle être plus élevée que le coût d’utilisation d’un lanceur BFR? Cela reste à voir…

Une autre idée développée par le général Everhart serait de prépositionner en orbite des cargaisons qui pourraient être chargées de façon autonome à bord d’une capsule de réapprovisionnement avant d’être livrées sur terre à la demande. Autre idée : transporter le fret via des véhicules suborbitaux habités.

D’après l’officier, l’AFC pourrait commencer à tester des « concepts de transport spatial d’ici 5 ans » et viser une capacité opérationnelle « d’ici 10 ans ». À la condition que des budgets y soient dédiés et que les industriels, comme SpaceX, Virgin Orbit ou encore Blue Origin soient en mesure de proposer des solutions viables. D’autant que cela suppose de relever des défis en apparence très compliqués.

Une « liaison point à point utilisant le vol suborbital a été évoquée pendant des années. Il n’y a pas d’obstacle à cela », a confié Dan Hart, le Pdg de Virgin Orbit, à SpaceNews. « Si les militaires voulaient transporter des marchandises à travers le monde, la technologie est disponible pour le faire, mais beaucoup de planification et d’ingénierie seraient nécessaires », a-t-il ajouté.

« Nous avons des technologies de lancement, des systèmes de rentrée et des atterrisseurs qui montrent que nous pouvons transporter des marchandises de grande valeur et les débarquer en toute sécurité », a continué M. Hart. Mais « certains de ces détails devront être réglés », a-t-il insisté.

La création d’une nouvelle branche des forces armées n’est pas du goût de M. Mattis. D’où l’idée de créer, à l’image d’autres commandements interarmées, un commandement uniquement dédié aux opérations spatiales, lesquelles relèvent actuellement de l’US Air Force. C’est, en tout cas, ce que compte proposer le Pentagone au Congrès, d’ici quelques jours.

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