Les fonctions de géolocalisation des accessoires connectés sont désormais restreintes pour les militaires américains

En janvier, il fut rapporté que les utilisateurs de l’application de fitness Strava permettait de localiser des militaires figurant parmi ses utilisateurs. Et l’on pouvait ainsi déterminer avec précision l’emplacement des bases, parfois sensibles, où ils étaient affectés, de même que les parcours qu’ils suivaient pour faire le jogging quotidien.

Plus gênant encore : il était même possible de connaître, à leur insu, leurs itinéraires à l’extérieur de ces mêmes bases, y compris dans les zones d’opérations. De quoi fournir des informations sensibles à des groupes jihadistes susceptibles de préparer une attaque.

Le problème était alors lié à la fonctionnalité GPS des téléphones mobiles [et autres montres connectées, ndlr] utilisés personnellement par les militaires, l’application Strava se voulant être un « réseau social pour les athlètes » en permettant à ses utilisateurs de se suivre mutuellement et de déterminer les meilleurs endroits pour courir.

« Nous prenons ces questions au sérieux et examinons la situation pour déterminer si des formations ou des conseils supplémentaires sont nécessaires et si d’autres mesures doivent être élaborées pour assurer la sécurité du personnel militaire au pays et à l’étrange », avait alors commenté le colonel Rob Manning, un porte-parole du Pentagone. Et d’ajouter : « Il est conseillé au personnel de mettre en place des paramètres de confidentialité stricts sur les technologies et les applications sans fil. »

Seulement, une autre application du même type, appelée Polar Flow, fit parler d’elle en juillet. Et cela pour les mêmes raisons. Via cette dernière, des chercheurs néerlandais avaient ainsi pu consulter des données relatives à pas moins de 6.000 personnes d’une douzaine de nationalités différentes, dont des agents du FBI et de la NSA, des marins servant à bord de sous-marins, de soldats russes en Crimée et des personnels de la DGSE.

D’où la décision que vient de prendre le Pentagone. Ainsi, a-t-il annoncé, le 6 août, des restrictions seront imposées aux militaires américains en mission à l’étranger quant à l’usage des fonctions de géolocalisation par GPS des accessoires connectés.

« L’évolution rapide du marché des appareils, des applications et des services dotés de capacités de géolocalisation représente un risque important pour […] nos opérations militaires à l’échelle mondiale », a fait valoir Patrick Shanahan, le numéro deux du Pentagone, dans un memo destiné au personnel.

« Ces capacités de géolocalisation peuvent dévoiler des informations personnelles, des lieux, des routines et les numéros de téléphone d’employés du département [de la Défense], ce qui pourrait avoir des conséquences imprévues et augmenter le risque du groupe ou de la mission », a-t-il expliqué.

Dans le détail, il reviendra aux commandants des troupes déployées d’autoriser ou non l’usage de ces accessoires à l’issue d’une « enquête de sécurité opérationnelle complète basée sur les menaces » éventuelles.

Plus tard, un porte-parole du Pentagone a précisé que les zones opérationnelles en question sont des « lieux où des militaires sont présents dans un but ou une mission très spécifique », comme les opérations Inherent Resolve (Irak/Syrie) et Freedom’s Sentinel (Afghanistan).

Sur le terrain, les chefs auront une « certaine flexibilité en ce qui concerne l’application de cette interdiction et les punitions à l’égard des contrevenants potentiels. » Tout dépendra de la « gravité » de l’infraction.

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