Malgré le Brexit, le futur avion de combat britannique pourrait-il bénéficier du Fonds européen de défense?

Début juillet, le Parlement européen a approuvé la création d’un Fonds européen de défense [FED], doté dans un premier temps de 500 millions d’euros jusqu’en 2020 puis de 13 milliards d’euros pour la période 2021-27. L’idée de favoriser l’indépendance stratégique de l’Union européenne tout en permettant à ses États membres de développer des capacités militaires nouvelles.

Étant donné que le Royaume-Uni négocie actuellement son retrait de l’Union européenne, il est difficilement concevable que le Tempest, c’est à dire le projet britannique visant mettre au point un nouvel avion de combat soit éligible à ce Fonds européen de défense. Et pourtant, il pourrait l’être…

Pour rappel, le programme Tempest a été confié à BAE Systems et Rolls Royce, deux groupes britanniques. Mais il implique également l’italien Leonardo (pour les sytèmes électroniques) et MBDA (pour l’armement). Pour le moment, ce projet n’a pas fait l’objet d’un accord intergouvernemental avec l’Italie, même si l’un des fleurons de l’industrie transalpine de l’armement en est partie prenante.

Mais cela pourrait évoluer. C’est, en tout cas, ce que l’on fait valoir du côté de Leonardo, dont le directeur de la stratégie, des marchés et du développement commercial, Giovanni Soccodato, a souligné l’intérêt d’une coopération italo-britannique dans les colonnes de Defense News.

Pour ce dernier, étant donné que l’Italie et le Royaume-Uni ont le Tornado, l’Eurofighter Typhoon et le F-35 (A et B) en commun, il serait naturel qu’une coopération s’établisse entre les deux pour le Tempest. D’autant plus qu’ils seraient les mieux placés pour mettre au point l’appareil qui, devant remplacer les Eurofighter Typhoon, sera mis en oeuvre au côté du F-35.

Pour être éligible au Fonds européen de défense, il faut qu’un programme soit mené par au moins trois entreprises issues d’au moins trois États membres. Et c’est la raison pour laquelle Londres cherche des partenaires pour son Tempest, dont la Suède. Et cela éclaire aussi le propos tenu par M. Soccodato.

« Si, par exemple, l’Italie, l’Allemagne et la Suède participent au programme [Tempest] et que des entreprises de ces trois pays travaillent sur une caméra thermique financée par le fond de défense de l’UE, pourquoi ne pourront-on pas l’utiliser pour le Tempest? », a demandé le responsable de Leonardo.

Pourquoi ce dernier a-t-il cité l’Allemagne, qui est déjà engagée avec la France dans le cadre du programme SCAF [Système de combat aérien futur]? Sans doute que cela trahit une volonté d’isoler Paris… d’autant plus que l’aviation allemande s’est déjà interrogé sur le F-35 pour remplacer ses Tornado et qu’elle dispose déjà de l’Eurofighter, comme l’Italie, le Royaume-Uni et l’Espagne.

Quant au Brexit, M. Soccodato se veut optimiste sur les consquences qu’il pourrait avoir sur les activités de Leonardo au Royaume-Uni, et donc sur sa participation au programme Tempest. « J’imagine qu’il pourrait y avoir des accords commerciaux ad hoc », a-t-il dit.

« En définitive, il pourrait y avoir une convergence entre le Tempest et le projet franco-allemand car il est difficile de penser à des programmes de l’UE sans contribution du Royaume-Uni », a conclu le responsable de Leonardo.

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