Selon le général Bosser, pour dominer l’adversaire, la technologie ne suffit pas : il faut avoir « l’esprit guerrier »

« La victoire est à celui des deux adversaires qui sait souffrir un quart d’heure de plus que l’autre, comme disent les Japonais », rappelait Marcel Proust, dans « À l’ombre des jeunes filles en fleurs ». Ce qui suppose des qualités propres à « l’esprit guerrier » que promeut le général Jean-Pierre Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT] dans la dernière livraison de Terre Information Magazine.

« Pour dominer nos adversaires, il ne nous suffit pas d’être en nombre suffisant, bien entrainés et bien commandés. Il ne nous suffit pas non plus d’être dotés des équipements les plus modernes, nous procurant une meilleure puissance de feu et une protection supérieure », estime le général Bosser, qui reprend ainsi des arguments qu’il avait déjà eu l’occasion de développer dans une lettre du CEMAT dédiée à l’innovation.

« Pour gagner, il nous faut un supplément d’âme, ce que j’appelle l’esprit guerrier », écrit le général Bosser. Et entretenir cet esprit passe évidemment pas l’aguerrissement, qui consiste, explique-t-il à « développer chez chacun l’intelligence de situation, l’audace, la rusticité, la détermination nécessaire pour comprendre plus vite, agir plus fort et durer plus longtemps », c’est à dire un quart d’heure de plus que l’adversaire…

Ceux qui ont suivi de près le parcours de l’équipe de France de football lors de la dernière coupe du Monde ne seront pas insensibles à un autre point mis en avant par le général Bosser. « Il s’agit également d’apprendre qu’un collectif discipliné est plus puissant que la somme des individus qui le composent. »

Revenant sur l’avantage technologique, le général Bosser souligne que « l’armement n’est jamais à lui seul la clé de la victoire » et qu’il « ne vaut qu’en vertu de la volonté de vaincre de celui qui s’en sert ». Aussi, poursuit-il, le « guerrier du futur ne doit pas être un simple geek passionné par les gadgets mais un véritable combattant numérique. » Il aurait pu utiliser l’expression de « guerrier numérique »…

Un autre dimension de cet « esprit guerrier » que le général Bosser entend promouvoir est la tradition. Pour lui, le soldat a besoin « d’asseoir son action sur une éthique exigeante et de renforcer sa volonté de vaincre en puisant dans son héritage des raisons de se battre et de se tenir droit. » Aussi, « commémorer Austerlitz, Solférino, Cameron, Bazeilles ou Sidi Brahim, recevoir au cours d’une cérémonie solennelle un calot, un képi ou une fourragère, ce n’est pas du folklore, c’est l’essence même de l’esprit guerrier.

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