Si elle choisit le F-35, la Belgique ne pourra pas participer au projet d’avion de combat franco-allemand

En novembre 2017, Dirk Hoke, le Pdg d’Airbus Defence & Space, avait été catégorique : dans le cas où l’Allemagne choisirait le F-35A de Lockheed-Martin pour remplacer ses vieux Panavia Tornado, alors l’industrie aéronautique européenne serait en danger, du moins pour ce qui concerne le domaine militaire. D’où son plaidoyer en faveur pour le programme franco-allemand d’avion de combat européen.

« Ce n’est qu’en investissant ensemble dans un programme de plusieurs milliards d’euros pour un système de sixième génération que l’Europe assurera sa souveraineté » et, par conséquent, « la France et l’Allemagne doivent prendre le leadership et inviter évidemment les autres pays européens à les rejoindre », avait ajouté M. Hoke.

Depuis, le programme SCAF [Système de combat aérien futur] a été mis sur les rails, après la signature d’une lettre d’intention par Paris et Berlin. Pour le moment, il est question de consolider ce « socle », avant que d’autres pays européens puissent se joindre à ce projet.

Et la Belgique fait partie des candidats potentiels puisque, dans le cadre du partenariat stratégique qui lui a soumis la France pour remplacer ses F-16 MLU, il lui a été proposé de participer au développement standard F4 du Rafale afin de permettre la « convergence » vers le Système de combat aérien du futur.

Seulement, pour acquérir 34 nouveaux avions de combat afin de remplacer ses F-16, Bruxelles a également lancé un appel d’offres, auquel seuls Lockheed-Martin (F-35A) et le consortium Eurofighter (Typhoon) ont répondu. Aussi, certains estiment que l’offre française de partenariat n’est juridiquement pas conforme pendant que d’autres pensent le contraire.

« En ce qui concerne la Belgique, […] contrairement à ce que l’on peut lire dans un certain nombre de gazettes, notre offre n’est pas juridiquement illégale. Nous avions tout à fait le droit de faire une offre en dehors du cadre défini par le gouvernement belge, car elle est bien plus large que ce que dernier demandait, à savoir des avions de chasse. […] La seule chose que l’on peut dire aujourd’hui, c’est qu’ils ont finalement considéré qu’il était de leur intérêt d’avoir un choix plus large que celui qui résulte directement de ce Request For Government Proposal (RFGP) », a une nouvelle affirmé, à ce sujet, Florence Parly, la ministre française des Armées, lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale.

Un point de vue par ailleurs confirmé par le cabinet d’avocats « Eubelius », qui vient de rendre un avis juridique à la demande du gouvernement belge.

Reste que certains responsables belges estiment qu’un autre choix que le Rafale – le F-35A par exemple – ne remettrait nullement en cause une possible participation de la Belgique au programme SCAF. Mieux même : il se dit que l’achat de 34 avions de combat dans le cadre de l’appel d’offre devrait « coûter moins cher que prévu ». Et que l’argent ainsi économisé permettrait d’investir dans le projet franco-allemand.

D’où la mise au point de l’ambassadrice française Claude-France Arnould, en poste à Bruxelles. « Si l’idée a émergé d’acheter le F-35 et de participer simultanément au SCAF, alors je dois indiquer qu’il y a un malentendu », a-t-elle fait valoir dans les colonnes du quotidien De Standaard.

Les propos de Mme Arnould sont logiques étant donné qu’une participation belge au programme SCAF ne serait la conséquence de l’implication de l’industrie belge au développement du Rafale F4… Seulement, le Premier ministre belge, Charles Michel, n’a pas apprécié la mise au point de la diplomate française.

Ainsi, d’après la presse d’outre-Quiévrain, Mme Arnould aurait reçu un appel téléphonique du conseiller diplomatique du Premier ministre belge. Et elle « a été, pour ainsi dire, rappelée à l’ordre », a précisé une source anonyme. L’exécutif français se serait contenté de « prendre acte » de cette communication.

Photo : Armée de l’Air / EMA

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