Que retenir du dernier sommet de l’Otan?

Le sommet de l’Otan, qui s’est tenu à Bruxelles les 11 et 12 juillet, s’annonçait orageux, avec un président américain décidé à obtenir des Alliés une hausse significative de leurs dépenses militaires. Comme il l’avait déjà fait en mai dernier, Donald Trump a en effet parlé d’un effort pouvant aller jusqu’à 4% du PIB.

Le président Trump « a suggéré que les pays respectent non seulement leur engagement de consacrer 2% de leur PIB aux dépenses de défense, mais qu’ils l’augmentent à 4% » a confirmé Sarah Sanders, la porte-parole de la Maison Blanche. Il « veut que nos alliés partagent une plus grande part du fardeau et s’acquittent au minimum de leurs obligations déjà déclarées », a-t-elle ajouté.

Sur cette question d’un effort de défense équivalent à 4% du PIB, M. Trump n’a évidemment pas été suivi. « La plupart des dirigeants ont reconnu qu’il fallait faire des efforts mais ont jugé absurde l’approche comptable du président américain », a confié, à l’AFP, Jean Asselborn, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères.

Cela étant, les 29 membres de l’Otan ont réaffirmé leur objectif de porter leurs dépenses militaires à 2% de leur PIB d’ici 2024, comme ils s’y étaient déjà engagés lors du sommet de Newport, en septembre 2014.

Pour autant, l’on sait déjà que certains pays, dont la Belgique et l’Allemagne, qui a été la principale cible des critiques de M. Trump, ne respecteront pas cet engagement. La chancelière allemande, Angela Merkel, a seulement confirmé que le budget de la Bundeswehr serait équivalent à 1,5% du PIB d’ici 2025. « Les Allemands savent qu’ils doivent faire plus et que nous le faisons depuis un certain temps », a-t-elle dit.

Reste que le président américain estime avoir fait « plier » les Alliés, après avoir été à l’origine d’une réunion extraordinaire, le 12 juillet, pour évoquer les dépenses militaires. « Je m’attendais à une discussion franche et c’est ce qui s’est passé hier et aujourd’hui. Les Alliés ont compris que le président Trump était très sérieux sur la question des dépenses », a reconnu Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan.

« Les Alliés pouvaient être inquiets, car hier [11 juillet] j’étais extrêmement insatisfait de ce qui se passait et ils ont considérablement renforcé leurs engagements. Maintenant, nous sommes très heureux d’avoir une Otan très puissante, très forte, beaucoup plus forte qu’il y a deux jours », a assuré M. Trump. « J’aurais pu utiliser la menace [de quitter l’Otan] mais cela n’a pas été nécessaire », a-t-il dit. Mais « j’ai obtenu des progrès extraordinaires par rapport à mes prédécesseurs », s’est-il réjoui.

Cela étant, ces discussions « théâtrales » sur les dépenses militaires des membres de l’Otan ont occulté des décisions importantes prises à l’occasion de ce sommet. Certaines avaient cependant été déjà annoncées.

Ainsi, les Alliés ont adopté une initiative d’origine américaine qui, appelée 4×30, prévoit de mettre à la disposition de l’Otan 30 bataillons mécanisés, 30 escadrons de chasse et 30 navires de guerre prêts à être engagés dans un délai de 30 jours.

La structure de l’Otan a évolué avec la création de deux commandements : l’un, pour l’Atlantique, sera implanté à Norfolk (il s’agit, en réalité, d’une réactivation du Commandement allié Atlantique ou SACLANT), l’autre, dédié au soutien et à la logistique, sera installé à Ulm, en Allemagne. Ces deux mesures visent à protéger les routes maritimes dans l’Atlantique-Nord et à améliorer le mouvement des troupes en Europe afin de faciliter l’envoi éventuels de renforts vers l’Est.

Il a également été décidé la création d’un centre des cyberopérations, lequel sera installé au Grand Quartier général des Puissances alliées en Europe [SHAPE], à Mons, en Belgique.

Quant aux opérations, une mission de formation destinée au forces irakiennes et placée sous commandement canadien sera prochainement lancée à Bagdad. Le soutien apporté à la Jordanie et à la Tunisie en matière de contre-terrorisme sera accru.

S’agissant plus particulièrement de la mission de l’Otan en Tunisie, elle sera dirigée par l’Espagne. Il s’agit de fournir des formations aux forces tunisiennes dans les domaines de la cyberdéfense et de la lutte contre les engins explosifs improvisés.

Cette mission sera coordonnée à partir d’un Centre régional pour le Sud qui, basé à Naples, a été déclaré pleinement opérationnel lors du sommet.

Mais le principal engagement de l’Otan au-delà de l’Atlantique-Nord reste l’Afghanistan. Et visiblement, il va encore durer longtemps étant donné que les Alliés ont garanti le financement de la mission Resolute Support (16.200 militaires) jusqu’en 2024.

Quant à l’élargissement de l’Otan à d’autres membres, la Macédoine [du Nord] a été invitée à entamer les pourparlers d’adhésion. Mais ce processus est loin d’être achevé dans la mesure où il faudra à Skopje et à Athènes ratifier l’accord conclu au sujet de l’appellation de ce pays de l’ex-Yougoslavie.

« Nous avons convenu de continuer de travailler ensemble pour préparer la Géorgie à l’adhésion à l’Otan et d’intensifier notre soutien dans des domaines comme la gestion de crise, la formation et les exercices », a par ailleurs indiqué M. Stoltenberg. « Nous avons reconnu les progrès significatifs réalisés par la Géorgie en matière de réformes », a-t-il ajouté.

Une éventuelle adhésion de la Géorgie à l’Otan risque de compliquer davantage les relations avec la Russie, qui soutient les velléités sécessionistes de deux régions géorgiennes, à savoir l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie. Même chose pour l’Ukraine. « Nous attendons avec impatience de nouveaux progrès dans les réformes conduites à Kiev et nous continuerons à apporter un soutien politique et pratique alors que le pays est confronté à un conflit actif », a expliqué M. Stoltenberg.

Enfin, l’on notera que rien n’a filtré sur l’avenir de la Turquie au sein de l’Otan. Des questions se posent, en effet, après la répression qui a suivi le coup d’État manqué du 15 juillet 2016, le rapprochement avec la Russie, l’achat de systèmes russes de défense aérienne S-400 et les tensions liées à la situation en Syrie.

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