Les Nations unies sont préoccupées par un « possible resserrement » des liens entre les groupes jihadistes en Afrique de l’Ouest

Plusieurs groupes jihadistes sont actifs en Afrique de l’Ouest, en particulier dans la bande sahélo-saharienne. Parmi les plus importants, on trouve Ansar Dine, al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI], al-Mourabitoune, le Front de libération du Macina, l’État islamique dans le grand Sahara [EIGS], Ansarul Islam [au Burkina Faso, ndlr] ou encore, au Nigeria, les deux factions de Boko Haram [le canal « historique » incarné par Abubacar Shekau et celle soutenue par Daesh, appelée « État islamique en Afrique de l’Ouest »].

L’un des dangers serait de voir tous ces mouvements resserrer leurs liens pour faire face à la force française Barkhane ainsi qu’à la Mission des Nations unies au Mali et aux armées locales… Mais aussi pour étendre leur influence au-delà des régions où ils sont actifs. En outre, un tel rapprochement leur permettrait d’échanger des tactiques et des modes opératoires, comme, par exemple, en matière d’engins explosifs improvisés.

Or, un rapport sur les activités du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, rendu public le 29 juin dernier, pointe ce risque.

« Les attaques menées ces derniers mois ayant considérablement gagné en complexité et ayant fait un plus grand nombre de morts, l’inquiétude grandit face à un possible resserrement des liens unissant les groupes islamistes en Afrique de l’Ouest et au Sahel, et à l’emploi de plus en plus fréquent d’engins explosifs improvisés au Burkina Faso et au Niger », est-il souligné dans ce document.

Seulement, ce « resserrement des liens » est déjà en partie une réalité. En effet, en mars 2017, les formations jihadistes actives dans le nord du Mali ont formé une alliance, qui, appelée « Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans », a été placée sous l’autorité d’Iyad Ag Ghali, le chef d’Ansar Dine.

Cela étant, par la passé, la mouvance jihadiste s’est divisée entre les partisans d’al-Qaïda et ceux qui voulaient faire allégeance à l’État islamique. C’est ainsi qu’Abou Walid al-Sahraoui, passé par l’ex-Mujao [Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest] a rompu avec al-Mourabitoune pour créer l’EIGS.

Dans le même temps, il fut rapporté, en 2017, que l’EI encourageait ses « filiales » africaines, en particulier l’EIGS et Boko Haram, à se rapprocher pour étendre leur influence en Afrique de l’Ouest.

Qu’en est-il aujourd’hui? C’est difficile à dire… Ces derniers mois, l’EIGS a été mis sous pression par la force Barkhane et les groupes touaregs maliens pro-Bamako, en particulier dans la région dite des trois frontières (Mali, Burkina Faso, Niger) et il a même été soupçonné de coopérer ponctuellement avec le GSIM.

En revanche, Boko Haram n’est plus seulement influent dans la seule région du Lac Tchad. En effet, le rapport des Nations unies note que la Haute Cour de Dakar a ouvert un procès, le 7 avril dernier, pour juger 30 Sénagalais accusés d’avoir planifié des attentats et « installé des cellules extrémistes » dans le sud du Sénégal pour « diriger » ces attaques. « Les dépositions de ces prévenus ont révélé que Boko Haram avait entraîné plusieurs membres du groupe au Nigéria », avance le rapport.

Qui plus est, la faction « État islamique en Afrique de l’Ouest » de Boko Haram serait également présente en Libye, avec de « petites cellules ». Du moins, c’est ce qu’avait affirmé un autre rapport des Nations unies, en février dernier. Les « États membres se sont déclarés préoccupés par les mouvements possibles » d’éléments de « Boko Haram vers d’autres États de la région à travers les frontières de l’ouest et du sud-est de la Libye », avait souligné le document.

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