Selon son chef d’état-major, la force aérienne allemande est aux abois

Il n’y a pas que l’équipe nationale allemande de football qui est aux abonnés absents : la Luftwaffe n’est pas en meilleur état, à en croire son nouvel « inspecteur » [équivalent de chef d’état-major outre-Rhin], le général Ingo Gerhartz. Cela étant, ce n’est guère une surprise : plus tôt, cette année, le rapport rendu par le commissaire du Bundestag [chambre basse] après de la Bubdeswehr, avait déjà révélé des lacunes préoccupantes.

Actuellement, la question d’une hausse relativement importante des dépenses militaires fait débat de l’autre côté du Rhin. Et le fait que les chrétiens-démocrates de la CDU/CSU soient obligés de gouverner avec les sociaux-démocrates du SPD ne facilite pas les choses, tant l’un et l’autre camp ont des difficultés à accorder leurs violons sur ce dossier.

En mai, et pour la première fois depuis 2012, la chancelière allemande, Angela Merkel, a assisté à la conférence annuelle de la Bundeswehr, afin de marquer ses intentions en matière de politique de défense. À cette occasion, elle a affirmé son objectif de porter les dépenses militaires du pays à 1,5% du PIB d’ici 2025 tout en confirmant celui visant à atteindre les 2% du PIB par la suite.

En l’état actuel des choses, il n’est guère possible d’aller plus loin, les sociaux-démocrates ne voulant pas entendre parler d’un budget militaire allemand au montant aussi élevé. Et la bataille fait rage au sein même du gouvernement, la ministre de la Défense, Ursula von der Leyen, étant contrainte de croiser le fer avec son collègue des Finances, Olaf Scholz, qui ne prévoit qu’une hausse de 5,5 milliards d’euros d’ici 2021 des crédits de la Bundeswehr.

C’est donc dans ce contexte que le chef d’état-major de la force aérienne allemande s’est exprimé, un peu plus d’un mois après avoir pris ses fonctions. Et le constat qu’il a dressé après une « tournée des popotes » est accablant.

« La Luftwaffe est au plus bas », a lâché le général Gerhartz, le 27 juin, devant 200 industriels, responsables politiques et officiers réunis à Berlin. Si les élus sont en partie responsables de cette situation pour avoir sabré allègrement les crédits militaires après la fin de la Guerre Froide, les industriels ne sont pas non plus exempts de tout reproche.

« Les avions sont immobilisés en raison d’un manque de pièces de rechange. Et ils ne sont même pas sur place [sur les bases, ndlr] puisqu’ils sont en maintenance chez l’industriel », a déploré l’inspecteur général de la Luftwaffe. L’exemple de l’avion de combat Eurofighter Typhoon est éloquent.

« L’inspection de ces avions après 400 heures de vol prend maintenant 14 mois, soit deux fois plus longtemps que prévu, ce qui est inacceptable », a-t-il dit.

Ce qui explique la très faible disponibilité des avions de combat allemands, un rapport du ministère de la Défense, sorti en février, ayant indiqué que seulement 39 Eurofighter Typhoon (sur 128), en moyenne, étaient prêts pour l’entraînement et le combat. Même chose pour 26 Panavia Tornado (sur 93).

Et d’après ce que l’on comprend des propos du général Gerhartz, la Bundeswehr déshabille Paul pour habiller Jacques, c’est à dire que si les militaires en missions ne manquent de rien et disposent d’équipements disponibles, c’est loin d’être le cas de ceux restés en Allemagne. Aussi a-t-il appelé les députés du Bundestag à voter un plan fnancier « qui couvrirait les besoins de la Luftwaffe et assurerait une visibilité fiable et durable pour les prochaines années. »

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