Une batterie de défense aérienne Patriot israélienne a manqué d’abattre un drone venu de Syrie

La région de Deraa, voisine de la Jordanie et du plateau du Golan, est l’une des dernières zones encore tenues par la rébellion syrienne, composée principalement par le Front du Sud de l’Armée syrienne libre [ASL] et d’éléments des groupes Hayat Tahrir al-Cham [ex-al-Nosra, jihadiste] et Jabhat Tahrir Souriya [ex-Ahrar al-Cham, salafiste]. En juillet 2017, elle fit l’objet d’un « accord de désescalade », conclu entre les États-Unis, la Jordanie et la Russie.

À plusieurs reprises, les États-Unis ont prévenu qu’ils prendraient des « mesures fermes et appropriées » en cas de violation de cet accord de « désescalade » concernant le sud-ouest de la Syrie. « Le cessez-le-feu doit continuer à être appliqué et respecté » et « en tant que membre du Conseil de sécurité de l’ONU, la Russie doit « user de son influence diplomatique et militaire auprès du gouvernement syrien pour le contraindre à mettre fin aux offensives militaires », a ainsi fait de nouveau valoir la diplomatie américaine, le 15 juin.

Mais cet avertissement aura été sans effet puisque les forces gouvernementales syriennes – dont la 5e division de la Garde républicaine – ont fini par lancer une vaste offensive contre la région de Deraa, « berceau » de l’opposition armée syrienne.

Le 22 juin, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s’est dit « gravement préoccupé par l’escalade militaire récente [à Deraa], incluant des offensives terrestres et des bombardements aériens, dans le sud-ouest de la Syrie. » Et d’exhorter « toutes les parties prenantes à respecter leurs obligations » internationales « dont la protection des civils et des infrastructures civiles. »

Seulement, le lendemain, il a été rapporté que les forces aériennes russes déployées en Syrie ont effectué au moins une quarantaine de frappes contre des positions tenues par les rebelles dans le secteur de Deraa. Et, dans le même temps, les forces syriennes ont progressé dans la partie est de cette région, en s’emparant des villages des villages d’Al-Boustane et d’Al-Choumariya.

On ignore si les États-Unis prendront effectivement les mesures « fermes et appropriés » promises… En attendant, un commandant rebelle a affirmé, selon l’AFP, que les Américains « n’interviendraient pas pour aider » la rébellion en cas d’offensive du régime syrien dans le sud du pays.

« Nous comprenons que vous devez prendre une décision (de combattre) basée sur vos intérêts, les intérêts de votre peuple et de votre groupe. Toutefois, vous ne devez pas baser votre décision sur la supposition ou l’espoir d’une intervention militaire de notre part », auraient fait savoir les États-Unis aux rebelles, via un message dont la teneur n’a pas été confirmée par Washington.

En attendant, ces derniers dévéloppement dans le sud-ouest de la Syrie inquiétent la Jordanie, qui s’attend à voir arriver un flux de réfugiés fuyant les zones de combat, alors qu’elle a déjà accueilli sur son sol plus d’un million de Syriens. Et également Israël, pour une raison : le risque d’une implantation militaire iranienne à deux pas du plateau du Golan. D’après Nicholas Heras, un chercheur au Center for a New American Security cité par le journal « Times of Israel », l’État hébreu souhaiterait discuter avec Moscou pour instaurer une zone tampon dans la province de Qouneitra, voisine de celle de Deraa.

C’est dans ce contexte que les forces israéliennes ont tenté d’abattre, avec un missile tiré par une batterie de défense aérienne Patriot, un drone venu de Syrie et s’approchant du l’espace aérien israélien. Mais l’appareil – qui n’a pas été identifié – s’est éloigné sans avoir été touché.

« L’armée israélienne ne permettra pas la violation de la souveraineté aérienne de l’État d’Israël et agira pour empêcher toute tentative de nuire à ses civils », a ensuite fait valoir l’état-major de Tsahal.

En février, un hélicoptère israélien AH-64 Apache avait abattu un drone iranien (une copie du RQ-170 Sentinel américain), « armé d’explosifs », à la hauteur du lac de Tibériade. Par la suite, un F-16 de Tsahal s’était écrasé après avoir pris part à un raid aérien contre la base syrienne de Tiyas (ou T4).

Ce n’est pas la première fois qu’une batterie Patriot israélienne est sollicitée contre des menaces aériennes venues de Syrie. Ainsi, en septembre 2014, l’une d’entre-elles avait abattu un Su-24 syrien au-dessus du Golan.

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