Le projet d’avion de combat franco-allemand franchit une nouvelle étape

Après l’approbation d’une fiche d’expression des besoins commune [High level command operations requirements document – HLCORD] lors du salon aéronautique ILA de Berlin et d’un accord industriel entre Dassault Aviation et Airbus Defense & Space, en avril, Florence Parly, la ministre française des Armées, et son homologue allemande, Ursula von der Leyen, ont signé, le 19 juin, une lettre d’intention concernant le développement du futur avion de combat appelé à équiper les forces aériennes des deux pays à l’horizon 2040.

Pour rappel, le programme « Système de combat aérien futur » [SCAF] vise à mettre au point un « système de systèmes » autour d’un chasseur-bombardier travaillant en réseau avec des drones de différents types, d’autres avions (AWACS, ravitailleurs) de différentes générations ou encore des satellites.

La lettre d’intention, qui confie à la France le soin de conduire ce projet, précise qu’une phase d’étude devra être lancée, au plus tard, d’ici la fin de l’année 2018. « Dans cette phase, les travaux d’architecture s’accompagneront du lancement rapide de démonstrations » qui préfigureront « les concepts à retenir pour le futur système opérationnel » à l’horizon 2025, indique le ministère des Armées.

En outre, ce projet reste ouvert à d’autres « partenaires, en particulier européens ». Et l’on ne peut penser qu’au Royaume-Uni, avec lequel la France a lancé un projet de drone de combat [SCAF-D], impliquant notamment BAE Systems et Dassault Aviation.

En 2016, Paris et Londres avaient annoncé un investissement de 2 milliards d’euros afin de développer un démonstrateur en vue d’un « bilan technique » prévu en 2020, l’objectif étant alors d’atteindre une capacité opérationnelle à l’horizon 2030. Mais, pour le moment, et en dépit d’un accord « les grandes lignes de la nouvelle phase de travaux technologiques à conduire dans le cadre du programme de futur système d’aviation de combat » [dixit la DGA, ndlr], la volonté britannique semble s’etre émoussée avec le Brexit.

S’agissant de cet avion de combat franco-allemand, dont la mise au point sera conduite par Dassault Aviation [Airbus devant se concentrer sur les autres sytèmes, ndlr], il devra disposer de « capacités de supériorité aérienne face aux menaces aériennes futures » tout en étant capable « d’engager l’ensemble des cibles d’intérêt pour les opérations air surface. »

La « survivabilité » sera l’une des caractéristiques de cet appareil, qui sera « interopérable avec les moyens de l’Otan et de l’UE dans un cadre d’opérations offensives et défensives ». Enfin, il devra être en mesure d’agir dans des environnements aériens contestés et « engager tous les types de défense aérienne. » Ce qui signifie que furtivité sera un élément à prendre en compte. Enfin, il sera « navalisable » afin de pouvoir être mis en oeuvre depuis un porte-avions.

Cela étant, la route est encore longue (et semée d’embûches) pour ce futur avion de combat franco-allemand. Fort d’une certaine expérience avec l’A400M, le Pdg (sortant) d’Airbus, Tom Enders, a d’ailleurs fait une mise en garde, non pas sur la tentation que pourrait avoir Berlin de choisir l’avion américain F-35 pour remplacer les Panavia Tornado de la Luftwaffe à court terme, mais sur l’attitude des États en matière de coopération industrielle.

Ce projet « réussira si nous empêchons les Etats d’interférer avec leurs exigences concernant l’utilisation de tel fournisseur ou de tel site dans certains pays. (Si nous laissons faire cela), cela ne pourra que nous mener au désastre”, a-t-il prévenu, dans un entretien publié le 15 juin par la Frankfurter Allgemeine Zeitung. « J’espère que les entreprises européennes insisteront sur le fait que les futurs programmes multilatéraux doivent avoir des structures de commandement bien établies ainsi que des exigences techniques et des calendriers raisonnables », a encore insisté M. Enders.

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