Des appareils non identifiés auraient à nouveau visé les forces du régime syrien dans la province de Deir ez-Zor

Le 24 mai, la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis avaient été accusée d’avoir bombardé des positions tenues par les forces du régime syrien près des localités de Boukamal et de Hmeimeh, situées dans la province de Deir ez-Zor. Cependant, elle avait rapidement décliné toute responsabilité dans ce raid.

« Ces informations sont fausses. La coalition n’a mené aucune frappes contre des positions de l’armée syrienne dans l’est de la Syrie » et sa mission reste de « vaincre l’EI [État islamique ou Daesh] dans des zones précises d’Irak et Syrie », avait expliqué le lieutenant-colonel Kone Faulkner, un porte parole du Pentagone.

« Nous n’avons aucun rapport opérationnel sur une frappe de la coalition contre des cibles ou des forces du régime pro-syrien », avait assuré, plus tôt, le capitaine Bill Urban, de l’US Centcom, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale.

Il faut dire que la situation dans la province de Deir ez-Zor est compliquée. En effet, les Forces démocratiques syriennes [FDS], soutenues par la coalition, mènent l’opération Roundup, qui vise à réduire les dernières poches de résistance de l’EI sur la rive orientale de l’Euphrate. De l’autre côté du fleuve, qui sert de ligne de « déconfliction », l’on trouve les troupes loyales au régime syrien (paramilitaires, miliciens chiites étrangers, etc), appuyées par l’aviation et des mercenaires russes.

Malgré le « partage » de cette région entre les FDS [alliance des milices kurdes et de groupes arabes armés syriens] et les forces loyalistes, des incidents se sont produits à plusieurs reprises. Au cours de l’un deux, en février, la coalition a été contrainte d’intervenir – avec des chasseurs-bombardiers américains – pour mettre un terme à une attaque des troupes du régime syrien contre celles qu’elle soutient.

Quoi qu’il en soit, après cette frappe aérienne « présumée » du 24 mai, dont les auteurs demeurent encore inconnus, l’EI a lancé une offensive en direction de Boukamal, le 3 juin. Mais elle a été mis en échec par les forces loyalistes syriennes au bout d’une semaine de combats (et de 103 tués dans leurs rang, dont le général Ali al-Hussein, chef de la 11e Division blindée, victime d’une « crise cardiaque » selon les médias officiels).

C’est dans ce contexte que, ce 18 juin, Damas a une nouvelle fois accusé la coalition d’avoir mené un raid aérien ayant visé ses troupes dans les environs de Boukamal, précisément dans la localité d’al-Hari [34°25′N 40°56′E].

L’agence officielle syrienne SANA n’a pas donné de bilan précis de cette frappe. « Des appareils de la coalition américaine ont bombardé l’une de nos positions militaires dans la zone de al-Hari, au sud-est de Boukamal », a-t-elle avancé, avant d’ajouter que « plusieurs personnes » y avaient laissé la vie. Plus tard, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a avancé le chiffre de 38, puis de 52 tués parmi les combattants pro-régime, dont « 30 Irakiens et 16 Syriens. »

Seulement, à Bagdad, des responsables irakiens ont affirmé qu’une milice chiite – la Kata’ib Sayyid al-Shuhada [KSS] – avait perdu 25 combattants après avoir été attaquée au sud de la ville d’al-Qaïm [Irak], depuis Boukamal. La milice en question est connue pour combattre aux côtés des forces loyalistes syriennes.

Mais là encore, la coalition a démenti toute implication dans ce nouveau raid aérien présumé. Raid qui, apparemment, n’a pas donné lieu à une riposte de la défense aérienne syrienne…

« Aucun membre de la coalition menée par les Etats-Unis n’a mené de frappes près de Boukamal », a déclaré le commandant Josh Jacques, un porte-parole de l’US Centcom.

« Nous sommes au courant de la frappe près de Boukama, mais il n’y a pas eu de frappes des forces américaines ou de la coalition dans cette région », a confirmé le colonel Sean Ryan, le porte-parole de l’opération Inherent Resolve [nom de la coalition, ndlr]. « Nous cherchons qui pourrait en être à l’origine », a-t-il ajouté. Ce qui ne devrait théoriquement pas poser de problème avec les moyens de surveillance déployés [notamment avec les Awacs, pour ce qui concerne la seule coalition].

Le cercle des suspects est restreint. Israël a déjà effectué des frappes aériennes en Syrie, mais contre les unités iraniennes et les transferts d’armes au Hezbollah libanais. Aussi, on voit mal l’intérêt qu’il aurait eu à viser les forces syriennes à Boukamal. L’aviation irakienne est aussi active dans la région (elle a frappé à plusieurs reprises des positions de Daesh). Mais, là encore, pourquoi s’en serait-elle pris sciemment aux troupes de Bachar el-Assad? Reste également les forces aériennes russes et syriennes, qui ne sont pas à l’abri de commettre des erreurs. Enfin, dernière hypothèse : est-on vraiment certain qu’il s’agisse d’une frappe aérienne?

En tout cas, cet incident est survenu quelques heures après un avancée notable des FDS face à Daesh, avec la prise de Dachicha à l’organisation jihadiste.

« Pour la première fois en quatre ans, Dachicha, une ville réputée pour le transit d’armes, de combattants […] entre l’Irak et la Syrie, n’est plus contrôlée » par l’EI, s’est félicité Brett McGurk, l’envoyé spécial du président américain auprès de la coalition anti-jihadiste.

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