Le renforcement éventuel de la présence militaire américaine en Norvège préoccupe la Russie

Quand, le 12 juin, Oslo a fait part de son souhait d’avoir une présence militaire américaine accrue sur son territoire, la ministre norvégienne des Affaires étrangère, Ine Eriksen Søreide, a estimé que cela ne constituerait pas une « raison sérieuse » susceptible de motiver une réaction de la part de la Russie.

Depuis janvier 2017, et à la demande de la Norvège [membre de l’Otan, ndlr], environ 330 militaires de l’US Marine Corps sont déployés, par rotation, à Vaernes. Leur mission est de veiller sur les sites de stockage de matériels militaires et de participer aux exercices militaires organisés en Scandinavie.

Le souhait d’Oslo est que les États-Unis acceptent de doubler les effectifs de ce détachement de l’USMC et d’en déployer une partie à Setermoen, localité située à 420 km [à vol d’oiseau] de la frontière avec la Russie.

Or, en 1949, avec le souci de ménager l’Union soviétique, la Norvège prit l’engagement de ne pas accueillir sur son sol des forces armées étrangères aussi longtemps qu’elle ne serait pas attaquée ou menacée de l’être.

D’une certaine manière, le déploiement d’un détachement de l’USMC à Vaernes marque une rupture avec cet engagement car même si aucune unité américaine n’est présente en permanence, le système de rotation mis en place revient au même. À moins que la Norvège se sente menacée… « Nous avons un voisin de plus en plus imprévisible à l’est qui renforce ses capacités militaires et qui affiche sa volonté d’employer la force militaire en tant qu’outil politique », avait affirmé Mme le Premier ministre Erna Solberg, pour justifier la hausse significative des crédits militaires du pays.

La Norvège partage une frontière de près de 200 km avec la Russie. Les deux pays ont mis un terme aux différends qu’ils avaient sujet de la mer de Barents grâce à un accord signé en 2010. Toutefois, pour Moscou, le Grand Nord est une priorité stratégique, au regard des promesses d’exploitation de ressources naturelles dues au changement climatique. D’où l’activité accrue des forces russes dans la région.

Quoi qu’il en soit, la réaction russe au souhait exprimé par la Norvège n’a pas été immédiate. Il a en effet fallu attendre le 14 juin pour que l’ambassade russe à Oslo publie un communiqué sur les réseaux sociaux pour faire part de la « grande préoccupation » de Moscou à l’égard de ce projet.

Pour les Russes, ce déploiement de soldats américains sur le sol norvégien est « en contradiction avec la décision de 1949 ». Et, par conséquent, cela fait de la « Norvège (un pays) moins prévisible » ce qui est « susceptible d’alimenter les tensions, d’inciter à la course aux armements et de conduire à une déstabilisation de la situation dans le nord de l’Europe. »

Cependant, Washington a répondu à ce communiqué en affirmant que Moscou n’avait « aucune raison de s’inquiéter ». « Les forces norvégiennes et alliées s’entraînent à défendre le territoire de la Norvège et ne représentent aucune menace pour la Russie », a fait valoir Eric Pahon, un porte-parole du Pentagone. Et l’accord de 1949 « n’empêche pas la tenue d’exercices militaires et d’entraînements des alliés », a-t-il souligné.

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