L’espionnage chinois s’intéresserait-il aux technologies des avions à décollage court et à atterrissage vertical?

Drones, avions furtifs, canon électro-magnétique, armes hypersoniques, nouveaux missiles, etc… Les progrès de la Chine en matière d’armement n’auraient très probablement pas été aussi rapide sans un sérieux coup de pouce de ses services de renseignement, lesquels arrivent à obtenir des secrets industriels en pratiquant le cyberespionnage ou en ayant recours aux anciennes méthodes – éprouvées – consistant à recruter des sources bien placées contre d’importantes sommes d’argent.

En 2013, un rapport du Pentagone avait accusé les services chinois de « mener une campagne de collecte de renseignements contre les secteurs qui soutiennent des programmes de défense nationale aux États-Unis, dans les domaines diplomatique, économique et industriels ». Un an plus tard, Washington mit en cause cinq officiers de l’Armée populaire de libération [APL], affectés à l’unité 61398, spécialisées justement dans les activités de cyberespionnage.

« Cette affaire d’espionnage économique présumé perpétré par des membres de l’armée chinoise représente les premières poursuites jamais engagées à l’encontre d’un acteur étatique pour ce type de piratage », avait commenté, à l’époque, Eric Holder, qui était alors le secrétaire américain à la Justice.

Depuis quelques années, les affaires d’espionnage impliquant la Chine se multiplient. En récemment, deux anciens membres des services de renseignement américain ont été inquiétés par la justice (l’un a été arrêté, l’autre, appartenant à la CIA, a été reconnu coupable par un jury fédéral d’avoir transmis des informations sensibles à Pékin).

La semaine passée encore, il a été rapporté que la Chine aurait mis la main sur des données hautement sensibles concernant la flotte de sous-marins de l’US Navy. Et la nature des informations dérobées – nouveaux armements, guerre électronique – laisse craindre que la marine américaine puisse se faire contrer par son homologue chinoise en cas de conflit en mer de Chine.

Les États-Unis ne sont évidemment pas les seuls concernés. Des affaires de ce type ont eu lieu en France (l’affaire des deux ex-agents de la DGSE arrêtés pour leurs liens avec Pékin n’est que la partie visible de l’iceberg). Et aussi au Royaume-Uni, où, le 14 juin, un ancien ingénieur du motoriste Rolls Royce a été arrêté par Scotland Yard, sur la base de soupçons du MI-5 [le contre-espionnage britannique].

Ainsi, cet homme âgé de 73 ans est soupçonné d’avoir transmis des informations confidentielles relatives à l’avion F-35B, c’est à dire la version STOVL [Short take-off / Vertical Landing] de l’appareil développé par Lockheed-Martin.

Cet ingénieur a été professeur invité à l’université aéronautique de Xian [centre de la Chine] après avoir travaillé pour Rolls-Royce de 1968 à 2003. Or, le motoriste britannique a développé, avant 2001, l’Integrated Lift Fan Propulsion System [ILFPS, ou « système de propulsion à soufflante de sustentation intégrée, ndlr], qui a permis le développement du F-35B.

Cela étant, rien ne prouve pour le moment que cet ingénieur ait effectivement transmis des informations sensibles à Pékin. L’enquête en cours, précise The Times, se concentre sur la question de savoir s’il a reçu des « cadeaux » lors de son séjour en Chine. Et une possible incitation « financière » est également examinée par les enquêteurs.

« En Chine, l’Académie des sciences a conçu un plan de recrutement pour attirer des savants étrangers à l’approche de la retraite. C’est le moment où ils se demandent ce qu’ils vont faire de leur temps, où ils ont peur de perdre le fil de leurs recherches, de basculer dans l’oubli… Les Chinois les invitent à tenir des conférences, à donner des cours – parfois très bien payés. On vient les chercher à l’aéroport, on les loge dans des hôtels de luxe, on leur offre des cadeaux, on leur remet des médailles. Ils n’ont qu’à expliquer ce qu’ils savent… Beaucoup tombent dans le piège », avait expliqué un haut responsable du contre-espionnage français à Vanity Fair, en 2014.

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