La France s’oppose à des livraisons d’armes chinoises à la Centrafrique

En décembre 2017, au Conseil de sécurité des Nations unies, la France ne s’était finalement pas opposée à une demande d’exemption sur l’embargo sur les armes appliqué à la Centrafrique formulée par la Russie. Toutefois, à l’instar des États-Unis et du Royaume-Uni, elle avait exprimé quelques réserves. Ces dernères furent levées quand la partie russe s’engagea à fournir les numéros de série des équipements destinés aux Forces armées centrafricaines (FACa).

Pour rappel, la Russie entendait alors livrer à deux bataillons centrafricains 900 pistolets Makarov, 5.200 fusils d’assaut, 140 fusils de précision, 840 fusils mitrailleurs Kalachnikov, 270 lance-roquettes RPGs et 20 armes anti-aériennes [a priori, ces dernières auraient été retirées de la liste, ndlr].

La livraison de ces armes fut accompagnée par l’envoi de 200 instructeurs russes, dont on ignore véritablement le statut.

Et, depuis, la Russie n’a cessé de gagner en influence en Centrafrique, où l’activité des groupes armés constitue toujours une source d’instabilité. D’ailleurs, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilité de la République centrafricaine [MINUSCA], qui a pris le relai de l’opération française Sangaris, y connaît des difficultés. Ayant du mal à réunir suffisamment d’effectifs, elle subit régulièrement des pertes, comme encore récemment avec la mort d’un casque bleu burundais à Bambari.

Quoi qu’il en soit, la présence russe en Centrafrique n’est pas désintéressée : il s’agit en effet pour Moscou d’avoir un accès aux ressources naturelles – uranium, diamants, etc – de ce pays. Des contrats de prospection minière ont d’ailleurs été conclu avec Bangui.

Un autre pays s’intéresse à la Centrafrique : la Chine. En effet, deux filiales de Poly Technologies, géant de l’équipement militaire et civil appartenant à l’État chinois, y ont obtenu des permis pour chercher des hydrocarbures dans la région de Birao. Et il fut rapporté que la protection de leurs activités avait été confiée au Front Populaire pour la renaissance de la Centrafrique [FPRC], un influent groupe armé dirigé par le chef de guerre Noureddine Adam.

Qui plus est, en novembre 2017, l’exploitation de deux gisements de calcaire et de fer a été confiée par Bangui au groupe « China Géo engineering Corporation International »,

Mais a priori, l’influence chinoise ne demande qu’à se renforcer. Ainsi, le 5 juin, la ministre centrafricaine de la Défense, Marie-Noëlle Koyara, a déposé une demande auprès du comité des santions de l’ONU afin d’obtenir une exemption à l’embargo sur les armes [imposé par la résolution 2127, ndlr] en vue d’autoriser la livraisons de matériels de guerre chinois.

Ainsi, via Poly Technologies, Pékin voudrait faire le don à Bangui de 12 véhicules blindés légers, quatre véhicules d’assaut, 50 pistolets, six fusils de précision, une quarantaine de mitrailleuses anti-aériennes, 300 roquettes, 500 grenades anti-chars, 15 grenades lacrymogènes et 750.000 munitions de divers types.

Si la demande faite par la Russie fut finalement autorisée, celle concernant la livraison d’armes chinoises ne devrait pas l’être. En effet, la France, les États-Unis et le Royaume-Uni ont fait part de leur opposition.

Ces trois pays ont ainsi fait valoir que la présence d’armes anti-aériennes dans la liste ne se justifiait pas étant donné qu’il n’existe pas de menace aérienne avérée en Centrafrique. En outre, les équipements promis par la Chine pourrait transiter par le Cameroun, sans la moindre escorte, ce qui constitue une seconde source d’inquiétude (exprimée notamment par les Britanniques).

Cela étant, cette opposition va à l’encontre de ce que souhaitent EUTM RCA, la misson de l’Union européenne qui forme les forces armées centrafricaines, et la MINUSCA, l’une et l’autre ayant soutenu la demande d’exemption à l’embargo adressée par Bangui.

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