Nexter Robotics propose un robot terrestre armé d’un canon de 20 mm

Lors de la dernière parade militaire organisée à Moscou à l’occasion du « Jour de la Victoire », le 9 mai, l’armée russe a fait défiler pour la première des robots de combat de type « Uran », lesquels connurent leur baptême du feu en Syrie. Et cela avait « surpris tout le monde, y compris les Américains », a récemment admis le général Charles Beaudouin, chargé des plans et des programmes de l’état-major de l’armée de Terre, lors d’une audition à l’Assemblée nationale.

Cependant, plusieurs pays ont lancé des programmes de robots armés, malgré les réticences éthiques que cela suppose. Ainsi, en Israel, le RoBattle, conçu pour des missions de renseignement, de surveillance, de protection et de reconnaissance armée, a été mis au point par Israel Aerospace Industries. De même que l’AvantGuard et Guardium, dans le cadre de la co-entreprise G-NIUS, créée avec Elbit Systems.

Aux États-Unis, plusieurs robots de combat ont fait l’objet d’évaluations, comme le Robotic Vehicle Modular/Combat Area Robotic Targeting [RVM/CART], armé d’une mitrailleuse Minigun M134, ou encore le MAARS [Modular Advanced Armed Robotic System].

Même en Allemagne, il y a des projets de cette nature, à l’image du Multimission Unmanned Ground Vehicle, proposé par Rheinmetall. Mais c’est vers l’Estonie que le français Nexter Robotics s’est tourné pour mettre au point son robot armé « Optio », en s’associant avec la société MILREM, qui a développé le THeMIS, un engin chenillé de plus de deux tonnes équipé d’un tourelleau téléopéré.

Pour le moment (cela changera si, un jour, on invente des « androïdes armés »), les robots terrestres à usage militaire sont classés selon trois catégories : les mini-robots modulaires pour les actions de contact, les véhicules de combat robotisés (les États-Unis, la Chine et la Russie travaillent dessus) et les robots lourds de type polyvalent (RTP). L’Optio que propose Nexter Robotics entre dans cette gamme.

Ce robot terrestre a été conçu à partir du châssis du THeMIS de MILREM, sur lequel a été intégré une tourelle téléopérée de 20 mm ARX-20 de Nexter. D’une capacité d’emport de 720 kg, l’Optio a une autonomie soit de 5 heures en version tout-électrique, soit de 10 heures quand son moteur diesel fonctionne. Modulaire (il est possible de lui ajouter un bras articulé pour les opérations de déminage, par exemple) il peut rouler à la vitesse de 24 km/h.

Avec son amemement, l’Optio est en mesure de percer 3 cm de blindage à une distance de 500 mètres. Cependant, comme il n’a pas d’équipage, sa protection est quasi-inexistante, sa raison d’être étant d’augmenter la portée de la puissance de feu d’un groupe de combat sans que ce dernier soit exposé. Pour autant, il n’est pas question que ce robot soit autonome quand il s’agit d’ouvrir éventuellement le feu : l’homme reste dans la boucle.

Le programme SCORPION ne prévoit actuellement pas d’acquérir de robots armés pour l’armée de Terre.

« Nous souhaitons également pouvoir disposer [de robots] rapidement, sans aller jusqu’aux robots terrestres armés. De multiples tâches peuvent leur être affectées, allant de la surveillance au transport, les robots ‘mules’ étant d’ailleurs une priorité », a en effet expliqué le général Beaudouin.

« L’ambition [est] de développer d’ici 2021 de grands robots, de l’ordre d’une tonne, qui puissent être employés en opération. Il pourrait s’agir de robots capables de faciliter l’évacuation d’un soldat blessé, ce qui aujourd’hui nécessite que deux autres soldats interrompent leur mission. Dans ce programme, mon objectif est d’acquérir un nombre limité d’appareils, par exemple entre 25 et 50, quitte à renouveler ces équipements plus rapidement qu’on ne le fait aujourd’hui pour la majeure partie de nos matériels », a encore précisé le sous–chef d’état-major chargé des plans et des programmes de l’état-major de l’armée de Terre.

Tel est d’ailleurs le sens du programme FURIOUS qui, lancé par la Direction générale de l’armement [DGA], vise à mettre au point des démonstrateurs de robots terrestres pour le sections d’infanterie.

Ce programme de « FUturs systèmes Robotiques Innovants en tant qu’OUtilS au profit du combattant embarqué et débarqué » a été confié à Safran Electronics & Defense et à la PME Effidence.

Lors du salon de l’armement terrestre Eurosatory, qui se tient du 11 au 15 juin, Safran présente d’ailleurs le véhicule d’assaut léger eRider, capable de transporter 4 soldats avec leurs équipements. Il s’agit d’un robot ayant la forme d’un véhicule, pouvant être autonome, télécommandé ou « pilotable ».

Grâce au mode de Surveillance Acoustique et Optronique, l’eRider détecte les bruits et les mouvements suspects environnants, ce qui lui permet de donner l’alerte en cas de danger. Avec son Viseur d’Observation de Conduite de Tir, couplé à un procédé de Reconnaissance Automatique de Cible, il assure une ripose précise sans que les soldats aient à s’exposer inutilement.

Photo : MILREM

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