Mer de Chine méridionale : Le Pentagone rappelle qu’il a la capacité de « démolir » les îlots artificiels chinois

Depuis maintenant plusieurs années, Pékin finance des travaux de grande ampleur visant à installer des capacités militaires A2/AD (anti-accès et déni d’accès) sur des îlots et des récifs des archipels Spratleys et Paracels, en mer de Chine méridionale.

Il s’agit d’une politique du fait accompli : en effet, la Chine revendique sa souveraineté sur la quasi-totalité de cette région, alors que d’autres pays riverains, comme le Vietnam, Taïwan ou encore les Philippines, y ont également des prétentions territoriales à faire valoir.

La mer de Chine méridionale est stratégique pour au moins deux raisons : elle serait riche en ressources naturelles (hydrocarbures, notamment) tout en étant le carrefour de voies maritimes essentielles pour le commerce mondiale. Pour Pékin, une autre considération est à prendre en compte : cette région constitue une zone sécurisée pour le déploiement des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la composante navale de l’Armée populaire de libération (APL).

Seulement, du point de vue du droit internationale, les activités chinoises sont sujettes à caution. Ainsi, en juillet 2016, la Cour permanente d’arbitrage (CPA) de La Haye a estimé que les préntentions territoriales de Pékin en mer de Chine méridionale ne reposaient « sur aucun fondement juridique ».

Reste que mettre la main sur cette zone revient aussi à avoir la capacité d’avoir un oeil sur le commerce maritime. Et donc sur les approvisionnements (énergétiques ou autres) des pays asiatiques. D’où la volonté des États-Unis (mais aussi de la France, du Royaume-Uni et de l’Australie) d’y défendre la liberté de navigation.

L’envoi de navires américains dans cette zone contestée donne parfois lieu à des incidents, comme cela s’est encore récemment produit avec le destroyer USS Higgins et le croiseur USS Antietam, qui se sont risqués dans les eaux de l’archipel des Paracels en approchant à moins de 12 milles de quatre de ses récifs, dans le cadre de l’opération « liberté de navigation » (FONOP). C’était d’ailleurs la première fois que deux bâtiments de la marine américaine ont participé ensemble à ce type de mission.

Depuis quelques temps, les États-Unis haussent le ton sur la militarisation croissante de la mer de Chine méridionale. D’autant plus que, visiblement, Pékin ne se contente pas d’y déployer des systèmes défensifs puisque des bombardiers H-6K y ont aussi mené des exercices en mai dernier. Ce durcissement de Washington s’est par exemple traduit par l’annulation de l’invitation qui avait été adressée à la marine chinoise pour participer à l’exercice aéronaval RIM of the Pacific.

Lors d’une conférence de presse donnée le 31 mai, le général Kenneth McKenzie, le directeur de l’état-major interarmées américain (donc, le numéro deux), a, a priori, voulu faire passer un message. « Je voudrais simplement vous dire que l’armée américaine a beaucoup d’expérience dans le Pacifique occidental, en détruisant de petites îles », a-t-il dit, en répondant à une question sur la capacité des États-Unis à agir contre les installations chinoises.

Plus tard, le général McKenzie a précisé son propos. « Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, nous avons accumulé de l’expérience en détruisant de petites îles isolés. C’est donc une compétence de base de l’armée américaine que nous avons déjà utilisée. Vous ne devriez pas y voir que ce soit de plus qu’un simple rappel de faits historiques », a-t-il affirmé.

Cela étant, s’attaquer aux îlots militarisés par la Chine risque d’être un défi pour les forces américaines étant donné que des systèmes de défense aérienne, des missiles anti-navires et surtout des moyens de guerre électronique y ont été déployés.

Quoi qu’il en soit, du moins pour le moment, il n’est pas question pour le Pentagone de « détruire » les récifs chinois en mer de Chine méridionale. « Nous continuerons à mener des opérations ‘liberté de navigation’ comme le permet le droit international et nous continuerons à faire les choses que nous faisons », a dit le général McKenzie.

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