Un employé des chemins de fer lettons condamné pour espionnage au profit de la Russie

Il se passe des choses curieuses dans l’est de l’Europe. Ainsi, des dépôts gouvernementaux de munitions explosent régulièrement en Ukraine où, dans le même temps, des responsables du renseignement et des chefs séparatistes pro-russes du Donbass sont assassinés.

Et il arrive même que d’assister à des résurrections… ou du moins à celle du journaliste et écrivain russe Arkadi Babtchenko, dont la mort avait été annoncée le 29 mai par la police ukrainienne. Or, cet opposant au chef du Kremlin, Vladimir Poutine, est réapparu bien vivant, tel Lazare de Béthanie, lors d’une conférence de presse organisée par le SBU, le service de renseignement ukrainien. Et ce dernier a précisé que cette mise en scène était en réalité une « opération spéciale pour démasquer un agent prêt à agir sur ordre de Moscou ».

« Grâce à cette opération, nous avons réussi à déjouer une provocation cynique et à documenter les préparatifs de ce crime par les services spéciaux russes », a expliqué Vassyl Grytsak, le chef des services ukrainiens de sécurité (SBU). « Nous avons interpellé l’organisateur de ce crime il y a trois heures à Kiev », a-t-il aussi affirmé.

Après l’annonce du décès d’Arkadi Babtchenko, les services de sécurité russe, mis sur la sellette, avaient réfuté toute implication, qualifiant les accusations les visant d' »absurdité » et de « provocation ». Le Kremlin avait également condamné ce (faux) assassinat, en disant « espérer une véritable enquête ».

« Arkadi Babtchenko a été abattu dans sa cage d’escalier, et déjà le premier ministre ukrainien affirme que les services spéciaux russes sont responsables… C’est très triste », avait ironisé Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères.

Cela étant, si des opposants au chef du Kremlin craignent pour leur vie (les morts, à Kiev, de Pavel Cheremet et de Denis Voronenkov n’ont pas été mises en scène), il n’en reste pas moins que les services de renseignement russes sont très actifs, comme l’affirment régulièrement des rapports établis par différents services de contre-espionnage.

Si des sources bien placées au sein de ministères clés ou autres institutions internationales intéressent évidemment les services russes, ces derniers ne négligent pas le moindre contact susceptible de leur donner des renseignements pertinents. Ainsi en est-il d’Aleksandrs Krasnopjorovs, un ancien employé de la Latvijas dzelzceļš, c’est à dire la Société nationale des chemins de fer de Lettonie.

Pourquoi avoir recruté cet individu? Tout simplement pour obtenir des informations sur tous les déplacements des troupes de l’Otan par voie ferrée. C’est, en tout cas, la raison pour laquelle un tribunal letton l’a condamné à 18 mois de prison, le 29 mai.

Ancien soldat de l’armée Rouge et vétéran de la guerre d’Afghanistan, Aleksandrs Krasnopjorovs, russe d’origine (ce qui a simplifié son recrutement), avait accès au réseau de caméras de surveillance des chemins de fer lettons. Selon le procureur général, il a ainsi « régulièrement, systématiquement et volontairement recueilli des informations militaires confidentielles et les a ensuite transmises à la Russie. » Notamment des renseignement concernant les mouvements de l’Otan.

Finalement, Krasnopjorovs a été démaqué à la fin de l’année 2016. Également reconnu coupable d’avoir entreposé des explosifs sur son lieu de travail, il a déjà passé un an en prison, ce qui fait qu’il ne lui reste plus que trois mois à purger. Il a cependant fait appel de la peine qui lui a été infligée.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]