Une unité anti-aérienne russe aurait abattu le vol MH-17 au-dessus de l’Ukraine, en juillet 2014

Assurant la liaison Amsterdam/Kuka Lumpur [vol MH-17], un Boeing B-777 de la Malaysia Airlines, avec 298 passagers, fut abattu alors qu’il survolait l’est de l’Ukraine, région en proie à des combats entre forces gouvernementales et séparatistes pro-russes.

Très vite, les Occidentaux affirmèrent que le B-777 avait été atteint par un missile de facture russe Buk M1, tiré depuis une position alors tenue par les séparatistes. De son côté, Moscou mit en cause un avion d’attaque Su-25 Frogfoot ukrainien. Un hypothèse peu crédible alors que, selon son domaine de vol et les armements qu’il utilise, ce type d’appareil est incapable d’abattre une cible évoluant à 10.000 mètres d’altitude.

En octobre 2015, le Bureau néerlandais pour la sécurité (OVV), chargé de l’enquête, confirma que le vol MH-17 avait bien été abattu par une « ogive 9N314M montée sur un missile de la série BUK 9M38M », tiré depuis une zone de « 320 km2, située à l’est de Donetsk, près de la frontière russe », soit en zone rebelle.

Un an plus tard, l’OVV fut plus précis en avançant que le vol MH-17 avait été abattu par « un missile BUK apporté du territoire de la Fédération de Russie ». Et d’ajouter que, après le tir, ce système avait été « réacheminé en Russie ». Pour arriver à cette conclusion, les enquêteurs néerlandais s’étaient appuyés sur des vidéos, des photos, des témoignages, des données de télécommunications et des conversations téléphoniques. « Notre enquête a montré que l’endroit depuis lequel le missile a été tiré était aux mains des rebelles », avait insisté l’un d’eux, Wilbert Paulissen.

Restait alors à savoir qui avait donné l’ordre de tirer sur le B-777 de la Malaysia Airlines. En décembre dernier, l’on apprenait que l’OVV s’intéressait particulièrement à un officier général russe, surnommé le « Dauphin » [qui serait, selon toute vraisemblance, le général Nikolai Fedovoritch Tkachev], envoyé en « vacances » dans la petite ville ukrainienne de Krasnodon, frontalière de la Russie. En fait, son rôle aurait consisté à coordonner les forces séparatistes pro-russes.

Pourquoi s’intéresser à ce général russe? Parce que, selon l’enquête de l’OVV, le système anti-aérien BUK aurait été acheminé dans le Donbass [sud-est de l’Ukraine, ndlr] via Krasnodon. Et il y serait repassé quand il fut renvoyé en Russie.

Quoi qu’il en soit, plus de 18 mois après la publication de son enquête initiale, l’OVV a pu identifier l’origine du système aérien utilisé contre le vol MH-17.

Ainsi, les enquêteurs « ont conclu que le missile BUK qui a abattu le vol MH-17 provenait de la 53e brigade anti-aérienne basée à Koursk, en Russie », a affirmé M. Paulissen, ce 24 mai. « La 53e brigade fait partie des forces armées russes », a-t-il précisé, lors d’une conférence de presse donnée aux Pays-Bas.

Commandée, au moment des faits, par le colonel Sergei Borisovich Muchkaev, cette 53e brigade anti-aérienne fait plus précisément partie de la 20e Armée des forces terrestres russes.

Cela étant, si l’enquête est entrée dans sa « phase finale », il « reste encore du travail à faire », a indiqué Fred Westerbeke, le chef des enquêteurs. « Nous avons acquis beaucoup de preuves, mais nous ne sommes pas encore prêts à procéder à des accusations », a-t-il ajouté. Au total, plus de 100 individus auraient « joué un rôle actif dans l’armement du système BUK ou dans son transport » mais « aucun d’entre-eux n’est automatiquement considéré comme suspect », avait-il dit, en septembre 2016.

Reste à voir ce qui diront les autorités russes. Dans cette affaire, elles ont donné différentes versions (comme celle accusant les forces ukrainiennes d’avoir tiré le missile BUK puisqu’elles en étaient dotées à l’époque). Mais celle évoquant le rôle d’un Su-25 revient régulièrement.

Et pour cela, elles s’appuient sur le témoignage d’un technicien aéronautique ukrainien, Evgueni Agapov, qui a fait défection. Ce dernier a ainsi accusé un pilote, Vladislav Volochine, d’avoir tiré sur le B-777 malaisien. Ce que ce dernier a toujours nié.

« Je n’ai pas tiré sur le MH17. Un ancien camarade militaire […] a fait de fausses déclarations. Nous n’avons même pas volé ce jour-là. Il dit que nous avons effectué trois vols, mais c’était six jours plus tard », avait affirmé le capitaine Volochine à la BBC, s’estimant « victime d’une grande campagne russe de diffamation. » M

Devenu par la suite directeur de l’aéroport de Mykolaïv après avoir quitté l’armée en 2016, Vladislav Volochine ne pourra plus contredire les accusations de son ancien camarade. En mars, il se serait donné la mort après, dit-on, avoir reçu un appel téléphonique anonyme. Mais la police ukrainienne a ouvert une enquête pour meurtre.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]