La marine chinoise n’est plus invitée à l’édition 2018 de l’exercice aéronaval américain Rim of the Pacific

En 2014, la marine chinoise avait été invitée par les États-Unis, à participer pour la première fois à l’exercice aéronaval Rim of the Pacific [RIMPAC], malgré les différends en mer de Chine méridionale et les incidents liés aux revendications de Pékin au sujet de l’archipel japonais Senkaku. À l’époque, cette invitation avait été justifiée par la nécessité de réduire les tensions et d’éviter les « malentendus » en apprenant à mieux se connaître.

Deux ans plus tard, et alors que les tensions régionales n’avaient pas baissé d’un iota, la même explication fut servie pour justifier une seconde invitation adressée à la marine chinoise pour l’édition 2016 de RIMPAC. Toutefois, les autorités américaines hésitèrent à renouveler l’expérience. « Notre stratégie dans la zone Asie Pacifique est de n’exclure personne. […] Mais la Chine est en train de s’isoler elle-même dans la région, poussant vers les États-Unis bon nombre de pays voisins », avait affirmé Ashton Carter, alors chef du Pentagone, lors d’une audition au Congrès.

Finalement, ces réticences furent levées. « La marine de l’Armée populaire de libération va participer à un exercice, le plus important que nous réalisons, dans les mois à venir » car ce dernier est « un moyen de mieux se connaître, de travailler ensemble de façon plus étroite, de manière à ce que nous puissions nous soutenir, dans des domaines comme l’aide humanitaire ou les secours en cas de catastrophe », avait en effet justifié le vice-amiral Joseph Aucoin, alors commandant de la 7e flotte américaine.

Selon la même logique, la marine chinoise avait donc été invitée une nouvelle fois à l’exercice RIMPAC, qui aura lieu, cette année, entre le 27 juin et le 2 août, alors même que Pékin continue de militariser la mer de Chine méridionale en y installant des capacités d’interdiction et de déni d’accès (A2/AD), voire en y déployant des moyens offensifs, comme en témoigne le récent envoi de bombardiers H-6K. Sans oublier la pression de plus en plus forte exercée par la Chine sur Taïwan.

Sauf que, contrairement à ce qui avait été décidé il y a deux ans, le Pentagone a décidé de retirer son invitation envoyée à la composante navale de l’Armée populaire de libération [APL].

« Nous avons des preuves claires du fait que la Chine a déployé des missiles anti-navires et des missiles sol-air, ainsi que des brouilleurs électroniques sur les îles contestées des Spratleys en mer de Chine », a ainsi déclaré, le 23 mai, le lieutenant-colonel Chris Logan, un porte-parole du Pentagone. En conséquence, a-t-il ajouté, « nous avons retiré notre invitation à la Marine de la République populaire de Chine pour l’exercice » RIMPAC 2018.

« La Chine maintient que les constructions sur ces îles sont destinées à assurer la sécurité en mer, l’assistance à la navigation, la recherche et le sauvetage en mer ainsi que la protection des pêcheurs […] Mais « le déploiement de ces armements ne peut servir qu’à un usage militaire », a fait valoir le lieutenant-colonel Logan.

Pour rappel, Pékin revendique sa souveraineté sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, une région stratégique car elle est le carrefour de routes maritimes essentiels au commerce mondiale, en plus de receler d’importantes ressources naturelles. Bien que la Cour permamente d’arbitrage (CPA) de La Haye ait estimé que les prétentions chinoises sur cette partie du monde n’ont « aucun fondement juridique », la Chine a continué sa politique du fait accompli aux dépens de ses voisins, comme le Vietnam et les Philippines, lesquels ont aussi des revendications territoriales dans cette partie du monde.

« La poursuite par la Chine de la militarisation de possessions disputées dans la mer de Chine méridionale ne fait qu’attiser les tensions et déstabiliser la région », a encore fait valoir le lieutenant-colonel Logan. Son « comportement […] n’est pas compatible avec les principes et les objectifs de l’exercice RIMPAC », a-t-il inisté.

Cette mesure n’a pas manqué d’être commentée par Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, qui, hasard du calendrier, se trouvait à Washington au moment de son annonce. « C’est une décision prise à la légère et qui n’aide pas à une compréhension mutuelle entre la Chine et les États-Unis », a-t-il réagi.

Organisé tous les deux, depuis 1971, par le commandement américain pour le Pacifique, RIMPAC est le plus important exercice aéronaval du monde. Lors de sa première participation, il y a donc quatre ans, la Chine en avait profité pour envoyer un de ses navires espions, le Beijixing, rôder autour du porte-avions USS Ronald Reagan, alors déployé non loin d’Hawaï. Ce qui n’avait été évidemment pas prévu au programme.

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