Rafale : Paris précise son offre pour le remplacement des F-16 belges

Le 14 février, la Belgique a reçu deux offres pour son programme ACCap [Air Combat Capability Program], qui vise à acquérir 34 nouveaux avions de combat destinés à remplacer les F-16 de sa force aérienne. Contrairement aux États-Unis et au Royaume-Uni, qui défendent respectivement la candidature du F-35A et de l’Eurofighter Typhoon, la France a fait le choix de ne pas participer à cette procédure et de soumettre une proposition de partenariat stratégique au gouvernement belge, basée sur la livaison de 34 Rafale.

Deux mois plus tard, une délégation française a donc fait le déplacement à Bruxelles pour préciser cette offre. Comme cette dernière n’a pas les faveurs de Steven Vandeput, le ministre belge de la Défense, sans doute que cette démarche a eu lieu à un moment propice.

En effet, M. Vandeput, à qui il est prêté une préférence pour le F-35 de Lockheed-Martin, est politiquement affaibli à cause d’une polémique l’accusant d’avoir dissimulé des informations relatives à un possible prolongement des F-16 jusqu’en 2030.

Quoi qu’il en soit, c’est à la demande du Premier ministre belge, Charles Michel, que la délégation française a été reçue par le ministère de la Défense, afin que, a précisé une source à l’agence Belga, son gouvernement puisse « disposer de tous les éléments nécessaires à une prochaine décision. »

Au niveau industriel, Dassault Aviation a déjà dévoilé ses propositions. Ayant signé une trentaine d’accords de coopération avec des entreprises belges, le constructeur français promet 20 milliards d’euros de retombées économiques dans le cas où le Rafale serait choisi par la Belgique. Et selon lui, les domaines concernés vont « de la maintenance de l’avion de combat Rafale, à la formation des ingénieurs en aéronautique, en passant par la participation à des projets de drones, l’automatisation des lignes de production, l’additive manufacturing, la maintenance prédictive, la simulation, la recherche dans les matériaux avancés et les projets de Smart City. »

Mais ce n’est là qu’un aspect de ce dossier car l’offre française va beaucoup plus loin puisqu’il s’agit d’établir un partenariat stratégique entre Paris et Bruxelles, avec en toile de fond la volonté de faire progresser l’Europe de la Défense.

L’offre de la France est « sans commune mesure » avec celles proposées par les États-Unis et la Grande-Bretagne, fait-on valoir côté français. Ainsi, il est question d’associer la Belgique au développement du standard F4 du Rafale, attendu d’ici à 2024. Cela « permettra la convergence » vers le Système de combat aérien du futur (SCAF), qui devrait être réalisé en coopération avec l’Allemagne (avion de combat) et le Royaume-Uni (drone de combat, à condition toutefois que Londres ait la volonté de continuer ce programme, lancé en 2016).

A priori, une éventuelle association au projet SCAF est un point important. D’après Belga, l’entourage de M. Vandeput a confirmé être « intéressé ».

Pour le reste, pratiquement rien de nouveau par rapport à ce que l’on savait déjà n’a été avancé (entraînement, soutien opérationnel, utilisation de l’espace aérien, etc), si ce n’est la proposition (déjà évoquée par Zone Militaire le 23 février dernier) de permettre à la Belgique de disposer d’une capacité aéronavale à moindre frais, en donnant accès à ses pilotes au porte-avions Charles de Gaulle. Cette offre, qui reposerait sur une douzaine de Rafale M en plus des 34 appareils du programme ACCap, donnerait ainsi une capacité d’intervention supplémentaire à la Défense belge.

Photo : Rafale M sur le pont de l’USS George H. Bush (c) US Navy

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