Boeing voudrait transformer le bombardier B-1 Lancer en avion « Gunship »

Conduit dans les années 1970 par Rockwell, absorbé depuis par Boeing, le programme visant à développer le bombardier stratégique B-1 Lancer avait été menacé par l’administration du président Jimmy Carter, qui considérait alors que des missiles balistiques et des B-52 modernisés étaient suffisants pour faire face aux Soviétiques. En outre, il fallait aussi des fonds pour mener à bien le projet ATB (« Advanced Technology Bomber ») qui, alors secret, devait aboutir à l’avion (furtif) B-2 Spirit de Northrop.

L’élection de Ronald Reagan à la Maison Blanche changea la donne. Et, finalement, le B-1 Lancer put entrer en service au sein du Strategic Air Command. L’intérêt de cet appareil était qu’il permettait de mener des missions de bombardement en pénétrant les défenses adversers à basse altitude et à une vitesse supersonique. Entre 1984 et 1988, cent exemplaires furent construits.

Seulement, avec la chute de l’Union soviétique, le bombardement stratégique à basse altitude devint moins pertinent. En outre, les traités de désarmement comme START imposèrent une réduction du nombre de porteurs d’armes nucléaires.

D’où la décision de modifier les B-1 Lancer en service afin de leur permettre de réaliser des missions conventionnelles. Ces appareils sont actuellement en mesure d’emporter une charge offensive de plus de 56.000 kg grâce à leurs trois soutes ventrales et à leurs 6 points d’emport externes. Et ils ont été depuis sollicités en Irak, au Kosovo, en Afghanistan et, plus récemment, en Syrie.

Seulement, le B-1 Lancer, qui largement dépasser le seuil des 10.000 missions, a un problème : son maintien en condition opérationnelle est très coûteux (il utilise, par exemple, des composants électroniques désormais difficiles à trouver). Et la conséquence est que son taux de disponibilité a du mal à dépasser les 50% quand celui du B-52H Stratofortress, malgré son grand âge, est de l’ordre de 80%.

Comme le B-2 Spirit connaît une situation identique (aggravée par le faible nombre d’appareils en service, ce qui complique davantage l’approvisionnement en pièces détachées), l’US Air Force a décidé d’arrêter les frais. En février, elle a annoncé que, à mesure de l’arrivée du B-21 Raider, son futur bombardier, le B-1 Lancer et le B-2 seraient retirés du service d’ici 2030 tandis que le B-52H jouera les prolongations jusqu’en 2050.

Aussi, Boeing a imaginé une nouvelle utilisation pour le B-1 Lancer, qui fait partie de son « portefeuille » après le rachat de Rockwell en 1996. En effet, le 8 mai dernier, le constructeur a déposé le brevet n°9 963 231 B2 qui consiste à le transformer en avion d’attaque au sol de type Gunship.

Selon le brevet en question, repéré par le journaliste Stephen Trimble [Flight Global], l’idée de Boeing est d’installer des canons de 30mm M230 et Bushmaster (25/40 mm) montés sur des tourelles rétractables dans les soutes du B-1 Lancer. L’intérêt est que ces dispositifs ainsi intégrés n’auront aucune incidence sur les performances aérodynamiques de l’appareil. En clair, l’US Air Force pourrait ainsi disposer d’un Gunship supersonique.

Cependant, l’intérêt d’un tel concept ne saute pas aux yeux. Dans un espace aérien contesté, un B-1 « Gunship » serait bien trop vulnérables pour s’acquitter d’une telle mission. Et sur un théâtre d’opérations où les défenses anti-aériennes sont quasiment inexistantes, comme en Afghanistan, il ne ferait pas mieux que les actuels AC-130H/U Gunship dans la mesure où il serait obligé de voler bas et à faible vitesse. Au plus serait-il plus impressionnant pour faire des démonstrations de force.

En outre, l’AC-130J « Ghostrider », dont 37 exemplaires seront livrés par Lockheed-Martin à l’Air Force Special Operations Command [AFSOC] d’ici 2025, offre des capacités très étendues par rapport aux versions « Gunship » précédentes, avec la possibilité de tirer des missiles AGM-176 Griffin et AGF-114 Hellfire ou bien de larguer des bombes GBU-39 [Small-Diameter Bomb]. En plus des canons de 30 mm et de 105 mm, il dispose de capteurs améliorés (dont le système L3 / Wescam MX-20) ainsi que des moteurs plus puissants et moins gourmands en carburant (ce qui augmentera son temps de présence « sur zone »). Enfin, il est question, à l’avenir, de lui intégrer des armes à énergie dirigée, c’est à dire un laser.

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