Le soutien de la communauté internationale à la Force conjointe du G5 Sahel tarde à se concrétiser

Fin avril, la France a remis à l’armée nationale tchadienne 10 mortiers de 81 mm, 50 jumelles de vision nocturne, 200 gilets pare-balles et 200 casques composites, au titre d’une aide de 9 millions d’euros pour l’ensemble de la Force conjointe du G5 Sahel, dont les effectifs – 5.000 hommes – doivent être fournis par le Tchad, le Mali, le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie.

Normalement, cette force conjointe aurait dû être pleinement opérationnelle en mars dernier. Encore fallait-il, faute d’un financement via les Nations unies, trouver le budget nécessaire à son fonctionnement. D’où les deux réunions internationales organisées en décembre 2017 et en février dernier. Ces dernières ont permis de récolter 423 millions d’euros, grâce aux promesses faites par l’Union européenne, l’Arabie saoudite (100 millions), les Émirats arabes unis (30 millions) ou encore les États-Unis (49 millions).

Mais entre la théorie et la pratique, il y a toujours un fossé. Le 26 avril, le Niger est donc monté au créneau. « Nous exprimons notre gratitude à l’ensemble des États membres (de l’ONU), particulièrement à ceux qui ont fait des annonces de contribution lors de la conférence de Bruxelles [en février, ndlr] », a affirmé Abdallah Wafy, le représentant nigérien auprès des Nations unies. Mais « il s’agit maintenant de faire en sorte que les fonds promis soient déboursés car la situation sécuritaire au Sahel ne fait que se dégrader, d’où la nécessité pour la force de commencer ses opérations militaires », a-t-il ajouté.

Le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Opérations de paix, le diplomate français Jean-Pierre Lacroix, a appuyé la demande du Niger, en appelant les États membres à concrétiser « leurs engagements pour mettre des ressources à la disposition de MINUSMA [Mission des Nations unies au Mali, ndlr] et de la Force du G5-Sahel aussitôt que possible ».

Plus tôt, le général Bruno Guibert, le chef de la force française Barkhane, avait déploré ces retards. « Tous les Occidentaux voudraient que ça aille vite, que la [FC-G5S] soit immédiatement efficace. Voilà huit mois que la décision a été prise, et il faudrait que ladite force soit opérationnelle. J’observe que la communauté internationale fait beaucoup de promesses, mais peine à les concrétiser. On parle de la nécessité de réunir 400 millions d’euros. Hormis ce qu’a donné la France sous forme d’équipements, il n’y a pas grand-chose qui a été fait », avait-il souligné dans les colonnes de l’Express.

Si le financement de cette force conjointe du G5 Sahel tarde à se concrétiser, le soutien logistique que les Nations unies doivent lui apporter, conformément à une résolution adoptée en décembre dernier, peine aussi à entrer dans les faits. D’où le rappel à l’ordre d’Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU.

Cet accord technique entre la MINUSMA et la FC-G5S « doit se matérialiser de façon plus concrète et tangible », affirme M. Guterres, dans un rapport consulté par l’AFP. « J’exhorte les membres du Conseil de sécurité à être ambitieux et à donner à la Force conjointe un mandat fort qui lui confère la légitimité politique qu’elle mérite », souligne-t-il également.

Le souci est que la MINUSMA manque elle-même de financements pour apporter une aide logistique à la FC-G5S, dont la montée en puissance, estime M. Guterres, « ne progresse pas à la vitesse requise ». Aussi, il « exhorte les pays du G5-Sahel à déployer le reste de leurs troupes aussi vite que possible et de résoudre les problèmes de commandement et de contrôle » qui subsistent. »

Enfin, selon le secrétaire général de l’ONU, la « présence étatique dans le nord et le centre du Mali, ainsi que dans le nord du Burkina Faso, diminue. » Aussi, ajoute-t-il, « la communauté internationale doit prendre des mesures rapides pour renverser cette tendance » car sinon, ces régions seront de « plus en plus contrôlées par des groupes armés ».

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