La France et l’Allemagne ont signé la fiche d’expression des besoins opérationnels de leur futur avion de combat

Au lendemain de l’annonce d’un accord préliminaire entre Dassault Aviation et Airbus Defence & Space au sujet du Système de combat aérien futur (SCAF), le général André Lanata, le chef d’état-major de l’armée de l’Air, et le général allemand Bühler ont signé, ce 26 avril, à l’occasion du salon aéronautique ILA de Berlin, le « High level command operations requirements document » [HLCORD, ou Fiche d’expression des besoins] concernant le projet franco-allemand d’avion de combat annoncé en juillet 2017.

Pour la ministre des Armées, Florence Parly, il s’agit d’une « étape décisive pour l’Europe de la défense, qui montre que nous sommes capables de nous unir pour des projets plus grands » et que « l’Europe n’est pas une addition de puissances moyennes mais peut prendre son destin en main et bâtir une défense forte et autonome. »

Pour rappel, devant remplacer les Rafale, Mirage 2000, Tornado et autres Eurofighter Typhoon à l’horizon 2040, le SCAF est un « système de systèmes » qui s’articulera « autour d’une composante pilotée, de missiles, de drones fortement connectés aptes à agir soit en autonomie, soit au sein d’un système de systèmes, afin de faire face aux défis des environnements opérationnels futurs. »

 

Que dit le HCORD?

La fiche d’expression des besoins exprimés par la France et l’Allemagne, qui est un étape essentiel avant de passer au volet industriel, prévoit de mettre au point un avion de combat qui prendra en compte les « défis opérationnels du futur », ce qui suppose qu’il devra être « polyvalent et flexible d’emploi ».

Cet appareil devra être en mesure d’agir « soit en autonomie, ou au sein d’un système de systèmes. » Le SCAF, précise le ministère des Armées, devra « répondre aux exigences de l’ensemble des missions air-air et air-surface. » Pour cela, il disposera de « capacités de supériorité aérienne face aux menaces aériennes futures » tout en étant capable « d’engager l’ensemble des cibles d’intérêt pour les
opérations air surface. » En un mot, ce sera un avion multi-rôles, comme l’est actuellement le Rafale.

Toujours d’après les éléments donnés par le ministère des Armées, la « survivabilité » de ce futur avion est soulignée, de même que sa capacité à être « interopérable avec les moyens de l’Otan et de l’UE dans un cadre d’opérations offensives et défensives. » Et le « SCAF devra pouvoir agir en environnement aérien contesté et engager tous ls types de défense aérienne ». Ce qui peut vouloir dire que la furtivité sera l’une de ses caractéristiques.

Évidemment, le HCORD parle d’un « besoin accru de connectivité et la capacité de fusion de données temps réel », ce qui est naturel, quand on parle de « système de systèmes ». Enfin, à la demande de la partie française, ce futur avion de combat devra être « navalisable ». Ce qui signifie qu’il sera étudié dès le départ comme un avion pouvant être mis en oeuvre depuis un porte-avions. Faute de quoi, ce n’est pas un seul appareil qu’il faudra mettre au point mais deux… [le F-35A et le F-35C n’ont pas exactement les mêmes caractéristiques, ndlr]

Enfin, toujours d’après les informations communiquées par le minsitère des Armées, le HCORD ne mentionne pas, a priori, les capacités nucléaires. S’agissant de la France, il faudra un avion en mesure d’emporter le futur missile de croisière ASN4G, qui sera hypersonique. Quel sera-t-il? « Très certainement, ce porteur sera un avion de combat. Très certainement, ce sera le Rafale. Mais est-ce que ce sera un Rafale amélioré ou pas, la question est posée entre les services, les militaires et nous », avait dit Éric Trappier, le Pdg de Dassault Aviation, lors d’une audition récente à l’Assemblée nationale.

 

Quid du risque de transfert de technologies vers l’Allemagne?

« S’agissant de la coopération européenne et de l’avion de combat européen, il est manifeste que l’Allemagne souhaite combler son retard dans un certain nombre de secteurs technologiques et industriels, dont elle est notamment absente depuis plusieurs années. S’associer à la France pour créer un futur avion de combat vise à récupérer une compétence qui a été, jusqu’à présent, perdue », avait expliqué, l’automne dernier, le général François Lecointre, le chef d’état-major des Armées (CEMA).

Sur ce point, le ministère des Armées se veut rassurant. « En fonction des pays, il y a des compétences, des savoir-faire technologiques et industriels plus ou moins forts. Notre objectif est que collectivement nous montions tous en gamme. Mais l’idée est de construire un programme en capitalisant sur les compétences existantes. Il y aura du travail pour tout le monde car il n’y aura pas que des questions d’avions ou de conception d’avions de combat en tant que tel mais il y aura beaucoup d’enjeux sur les systèmes, la connectivité… », a-t-il expliqué.

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