Le chef d’état-major de la Marine nationale veut doubler les équipages des Frégates multimissions

Avec la mise en service de nouveaux navires de combat comme les frégates multimissions (FREMM), la structure des équipages de la Marine nationale a évolué. Avec l’informatisation et l’automatisation, il était encore récemment convenu qu’il fallait s’attendre à une réduction d’environ un tiers du nombre de marins embarqués à bord des bâtiments de nouvelle génération.

Seulement, cette évolution pose un problème au niveau de la préparation opérationnelle et de la formation des équipages des FREMM étant donné que leur format est taillé au plus juste. Ce qu’a reconnu l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM), lors d’une audition au Sénat.

« La formation à terre est d’autant plus importante que les équipages des FREMM sont réduits et ne peuvent par conséquent consacrer les mêmes ressources à l’apprentissage que les équipages plus nombreux des bâtiments d’ancienne génération », a dit le CEMM.

Aussi, a admis l’amiral Prazuck, « nous sommes allés trop loin dans la réduction des équipages des FREMM », dont la pyramide des âges a été bousculée. En effet, a-t-il ajouté « pour générer des experts, il faut au moins le même nombre de jeunes marins embarqués! » et « tout ne s’apprend pas sur les bancs de l’école. » Et d’ajouter : « Il faut que les jeunes marins assurent leur apprentissage à la mer. »

Cela étant, il n’est pas question de faire machine arrière et d’augmenter le nombre marins nécessaires à la conduite d’une Fégate multimissions (108 actuellement). « Dans mon plan stratégique, a expliqué le CEMM, je souhaite doubler les équipages de FREMM, à l’instar de ce qui est pratiqué dans les sous-marins, afin de garantir aux équipages de la prévisibilité sur leurs programmes d’activité. »

Pour rappel, chaque sous-marin compte deux équipages (bleu et rouge), lesquels sont mobilisés à tour de rôle.

Pour appuyer son propos, l’amiral Prazuck a pris le cas de la FREMM Languedoc, contrainte d’appareiller de Toulon en urgence à la fin du mois d’août 2017 pour une « urgence opérationnelle ». La « mission de de ce bâtiment, qui devait initialement durer une semaine, s’est prolongée un mois et demi. Le Languedoc a magnifiquement travaillé, son équipage peut être fier du travail réalisé, mais je ne peux réitérer sans cesse ce type d’exigence sans fragiliser la fidélisation des marins », a-t-il affirmé.

Reste qu’il faudra trouver un moyen pour doubler les équipages des FREMM, sachant 8 exemplaires seront en service d’ici 2025. En d’autres termes, plus de 860 marins supplémentaires seront donc nécessaires et qu’il n’est pas question d’augmenter ni les effectifs ni la masse salariale de la Marine nationale. Pour l’amiral Prazuck, la solution passera donc par des « redéploiements internes. »

En outre, a-t-il aussi fait valoir, la « La qualité de maintenance des bateaux et le nombre de jours de mer y gagneront ». Quant à la préparation opérationnelle, elle sera calquée sur celle des équipages de sous-marins. Elle seront « améliorée grâce à l’emploi de simulateurs », a indiqué l’amiral Prazuck.

« La Marine devrait obtenir des effectifs complémentaires à hauteur de 1.000 marins environ, dont les trois-quarts seront versés au renseignement et à la protection de nos emprises. Ces prévisions me donnent des marges de manoeuvre pour lancer la réorganisation de la Marine et constituer deux équipages par FREMM. Les besoins devraient ainsi être pourvus, grâce à la LPM, jusqu’en 2025 », a encore affirmé le CEMM.

Photo : FREMM Languedoc (c) Marine nationale

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