Le général Bosser « regrette » de voir les militaires continuer d’acheter du matériel sur leurs deniers personnels

Alors qu’il était encore major-général de l’armée de Terre (MGAT), le général Elrick Irastorza avait rappelé, « une fois de plus », que « l’achat sur deniers personnels d’effets ou d’équipements de combat majeurs » devait « être fermement prohibé ». parce qu’il n’était pas question d’avoir une « armée à la Bourbaki ».

Lors de l’opération Serval, en 2013, un reportage de l’AFP avait montré que les militaires, en particulier ceux de l’armée de Terre, continuait de dépenser une partie de leur solde pour s’équiper auprès de magasins spécialisés.

En août de cette année-là, un article du quotidien Le Monde évaluait à 2.500 euros la somme qu’il fallait investir pour « s’équiper convenablement. » Et de rappeler : « Le règlement militaire interdit tout achat individuel, mais une bonne partie des troupes ne se satisfait pas du matériel de dotation, souvent jugé dépassé ou inadapté aux missions. »

Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances initiale pour 2018, le chef d’état-major des armées (CEMA), le général François Lecointre, avait été interpellé sur ce point.

« Pour avoir longtemps servi dans des régiments d’infanterie, je sais que, de tout temps, les soldats ont acheté du matériel à titre personnel et je fais confiance à tous les marchands de couteaux ou de bérets commando pour venir vendre, dans les foyers des unités militaires, des nouveautés auxquelles l’intendance ou le commissariat n’aura pas pensé, si bien que les soldats dépenseront ainsi une partie de leur solde », avait répondu le CEMA. « C’est une constante dans la vie des militaires, et nous devons veiller à limiter cela au maximum », avait-il estimé.

Invité à s’exprimer devant les sénateurs de la commission des Affaires étrangères et des Forces armées, le général Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT) a dit « regretter l’achat de matériels sur Internet ». Et d’ajouter : « J’espère que cela a de moins en moins de raison de se produire car j’ai la faiblesse de penser que les matériels que nous achetons à nos soldats leur conviennent, en termes de protection et d’ergonomie. »

Cependant, a-t-il continué, « je ne pourrai en revanche jamais interdire aux soldats l’achat de poches à accrocher à leurs gilets de protection pour ranger un téléphone ou des affaires personnelles, cela fait partie du côté coquet de certains… »

Seulement, il se peut qu’il y ait des situations où il n’est guère possible de faire autrement. Et le général Bosser a cité à nouveau le cas de l’achat de 1.800 lunettes de glacier pour les troupes de montagne. Il en avait en effet parlé une première fois lors d’une audition à l’Assemblée nationale pour déplorer qu’il fallait passer par une procédure longue (marché public) pour en doter les soldats de la 27e Brigade d’Infanterie de Montagne (BIM). Et ces  » Et les lunettes ne seraient donc pas disponibles avant la fonte des neiges! », avait-il déploré.

Devant les sénateurs, le CEMAT a évoqué un autre problème au sujet de ces lunettes de glacier. Étant donné que leur achat entre « dans le cadre du code des marchés publics, il faut six mois pour les obtenir » et le « moins-disant étant souvent privilégié, la qualité n’est pas toujours au rendez-vous, ce qui pousse les soldats à aller le week-end chez l’opticien du coin », a-t-il expliqué. « Les yeux de nos soldats méritent pourtant des lunettes de qualité », a-t-il conclu.

Photo : Les soldats du 1er RI, équipés du système FELIN, s’exercent au tir sur le champ de tir de leur FOB, en Surobi, en Afghanistan (c) armée de Terre

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