Général Bosser : Le futur service national « aura sur l’armée de Terre un impact supérieur à ce que l’on imagine »

D’ici la fin du mois d’avril, le groupe de travail dirigé par le général Daniel Ménaouine rendra ses conclusions relatives aux modalités dans lesquelles s’effectuera le Service national universel [SNU] qu’entend mettre en place le président Macron d’ici 2022.

Cela étant, à l’antenne de RTL, le 23 mars, la ministre des Armées, Florence Parly, a confirmé que ce SNU sera « obligatoire » et qu’il concernera « plusieurs ministères », à commencer par celui qu’elle dirige étant donné qu’il sera amené à y « apporter son soutien ».

Plusieurs questions se posent. Comment accueillir les « appelés » et où seront-ils hébergés, nourris et blanchis? Quel sera le contenu de ce service national? Quelle en sera sa durée? Il y aura-t-il une tenue particulière? Comment seront lancées les convocations? Quel(s) ministère(s) seront concernés et dans quel périmètre?

S’agissant du financement, et comme l’a déjà assuré le président Macron, le budget des Armées ne sera toutefois pas sollicité, des ressources « ad hoc » devant être trouvées. Reste que l’instauration de ce service, que devront effectuer, chaque année, 600.000 à 800.000 jeunes gens, suscite quelques inquiétudes chez les militaires. Dont le général Jean-Pierre Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT).

« L’armée de Terre n’a aucun problème de principe avec le Service national universel, ni d’ailleurs avec la jeunesse, avec laquelle nous sommes au contact au quotidien », a dit le CEMAT lors d’une audition au Sénat. « Mais je suis partagé entre la nécessité de faire quelque chose pour notre jeunesse – le service militaire adapté et le service militaire volontaire […] y contribuent – et l’inquiétude d’être percuté par une masse qui fait dix fois notre poids – car 800 000 hommes et femmes, c’est dix fois l’armée de Terre! », a-t-il expliqué.

« Notre armée de Terre, 22 ans de maturité professionnelle, reconnue dans le monde entier, est devenue un label – je pense aux forces spéciales, aux forces conventionnelles, à l’aérocombat. Notre crainte est de voir cet outil disparaître sous l’effet du nombre », a continué le général Bosser.

Et si le président Macron « a eu des mots rassurants, précisant que le projet serait interministériel et ne rognerait pas sur les crédits de la LPM [Loi de programmation militaire, ndlr], le CEMAT estime que, « en toute hypothèse, il sera lourd et aura sur l’armée de Terre un impact supérieur à ce que l’on imagine. »

En juillet 2017, le général Bosser avait fait part de ses préoccupations au sujet de ce service national universel alors que ses modalités n’étaient pas encore à l’étude. Et selon lui, son caractère obligatoire risquait de porter un coup à la popularité des Armées, qui bénificient actuellement d’une très bonne image au sein de l’opinion publique;

« Aujourd’hui, nous employons des engagés volontaires, qui acceptent l’entraînement et les contraintes du service. Avec un service national, on accueillerait des garçons et des filles qui, pour certains, viendraient chez nous un peu contraints et forcés. Pour ma part, je ne souhaite pas revenir à ce que l’on a pu connaître dans les années 1970 ou 1980… Quoi qu’il en soit, la popularité ou l’impopularité de notre armée aurait un impact sur notre capacité à encaisser ce choc dans notre écosystème », fit en effet valoir le général Bosser.

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