Frappes en Syrie : La France a assuré la direction tactique des opérations aériennes

Lors de la conférence de presse qu’il a donnée, avec la ministre des Armées, Florence Parly, pour donner le bilan des frappes contre le programme chimique syrien [opération Hamilton], le chef d’état-major des armées, le général François Lecointre, a souligné le défi qu’il a fallu relever pour coordonner un raid à la fois inter-alliés (France, États-Unis, Royaume-Uni) et inter-armées (air et marine).

Le volet aérien de l’opération Hamilton a mobilisé deux bombardiers américains B-1 Lancer, qui ont tiré 19 missiles de croisière AGM-158 JASSM-ER, un drone RQ-4 Global Hawk, des F-15 ainsi que des F-16, quatre Tornado GR4 de la Royal Air Force, cinq Rafale armés de SCALP, quatre Mirage 2000-5, deux E-3F « AWACS » et 6 avions-ravitailleurs.

Dans un entretien donné à l’AFP, le général André Lanata, le chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA) a confirmé que l’exécution de ce raid aérien avait été placée « sous la responsabilité de la France. » Un fait « sans précédent pour une opération de cette importance », a-t-il souligné.

« Concrètement, une autorité de coordination était à bord d’un de nos Awacs, avec la responsabilité d’établir la situation aérienne pour tout le monde, de coordonner au profit de l’ensemble des nations le déroulement de l’opération », a expliqué le général Lanata. Et cela a été possible parce que les aviateurs français, américains et britanniques ont l’habitude de travailler ensemble. « Je peux vous assurer qu’avec les Britanniques on est complètement intégré, avec les Américains aussi », a-t-il dit. « Il y a un gros travail de proximité entre nos armées de l’Air, que je considère comme les trois meilleures au monde », a-t-il insisté.

Évidemment, une telle opération ne s’improvise pas du jour au lendemain. « En amont, c’est un long travail de documentation, de renseignements accumulés au fil du temps sur les positions, les systèmes adverses, pour constituer des dossiers d’objectifs, connaître l’environnement tactique, etc. », a détaillé le CEMAA.

S’agissant ensuite de la conduite de l’opération, il a donc fallu prendre en compte différents paramètres afin de faire en sorte que les missiles tirés puissent arriver sur leurs cibles en même temps, afin de saturer les défenses adverses. D’autant plus qu’il a fallu intégrer le plan de tir des navires (français et américains).

Par ailleurs, à la question de savoir pourquoi les avions de l’armée de l’Air ont décollé de France et non pas de Jordanie et des Émirats arabes unis, le général Lanata a expliqué que « nous voulions montrer la volonté nationale »… Et comme il l’a souligné, le raid mené par les Rafale s’apparente aux exercices (nucléaires) Poker. En outre, a-t-il ajouté, utiliser les « autres points d’appui » au Moyen-Orient aurait « nécessité une coordination élargie avec d’autres partenaires. »

Photo : Ravitaillement en vol d’un Mirage 2000-5 du 1/2 Cigognes lors de l’opération Hamilton (armée de l’Air)

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