Syrie : Les navires de guerre russes ont presque tous quitté la base navale de Tartous

Après que le président Trump a annoncé des frappes imminentes contre le régime syrien en réponse à l’attaque chimique présumée de Douma, Washington a donné le sentiment de chercher à calmer le jeu, d’autant plus que Moscou a agité le spectre d’une possible guerre entre les États-Unis et la Russie (proche alliée de la Syrie).

« Sur un plan stratégique, la question est de savoir comment nous évitons une escalade hors de contrôle, si vous voyez ce que je veux dire », a ainsi affirmé James Mattis, le chef du Pentagone, lors d’une audition au Congrès.

Quant au président Macron, qui a également promis une réponse militaire en cas de franchissement de la ligne rouge que constitue l’usage d’armes chimiques, il a aussi temporisé, lors de son intervention télévisée du 12 avril. Ainsi, a-t-il dit, Paris prendra une décision « en temps voulu », au moment le « plus utile et efficace ». Et d’ajouter : « Le monde est chaotique et il y a des situations inacceptables. Une de nos priorités est d’assurer la stabilité de cette région. En aucun cas, la France ne laissera une escalade se faire.

Mieux : ce 13 avril, le président français a eu un entretien téléphonique avec son homologue russe, Vladimir Poutine. Et cela, alors que le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, venait d’accuser un État « russophobe » [le Royaume-Uni, ndlr] d’avoir participé à la « mise en scène » de l’attaque chimique présumée de Douma.

Lors de cet échange, M. Macron a fait part de « sa profonde préoccupation face à la dégradation continue de la situation sur le terrain » et rappelé les priorités de la France en Syrie : « lutter contre le terrorisme et prévenir toute résurgence de Daesh dans la région, soulager les souffrances des populations civiles par le plein respect de la résolution 2401 du Conseil de sécurité des Nations unies et une action humanitaire renforcée, enclencher dès que possible des négociations sur un processus politique crédible et inclusif. »

De son côté, le président russe l’a mis en garde contre tout « acte irréfléchi et dangereux » en Syrie qui pourrait avoir des « conséquences imprévisibles. » En clair, si le régime syrien est visé par des frappes, la Russie ripostera.

Pour le moment, on ignore encore si une opération militaire contre les sites syriens soupçonnés de mettre en oeuvre des armes chimiques aura lieu. En attendant, la base navale russe de Tartous est actuellement vide, ou presque, puisqu’un seul sous-marin de type Kilo est présent, à en croire des photographies prises le 11 avril et diffusées par la société ImageSat Intl (ISI), qui exploite les satellites EROS.

Jusqu’à cette date, au moins 7 navires de surface (dont, a priori, une frégate de type Amiral Grigorovich, de conception récente) et 2 sous-marins étaient présents à Tartous.

« C’est normal. Quand il y a une menace d’attaque, les navires amarrés aux quais de manière compacte se rendent dans la zone des manœuvres rapprochées pour éviter la destruction de plusieurs navires avec une seule munition », a expliqué Vladimir Chamanov, le chef du comité pour la défense de la chambre basse du Parlement russe [Douma] au sujet du départ des bâtiments russes de Tartous. « Ils se dispersent. Ils augmentent ainsi leur viabilité. C’est une mesure habituelle », a-t-il ajouté.

En mars, la Flotte russe de la mer Noire avait indiqué qu’une « escadre » (une quinzaine de navires) opérait « en permanence en Méditerranée ». Parmi eux se trouverait la frégate Amiral Essen, doté notamment de missiles de croisière Kalibr.

Cela étant, l’US Navy a quant à elle annoncé le déploiement prochain du porte-avions USS Harry S. Truman et de son escorte dans la zone de responsabilité des 5e et 6e flotte. La première relève de l’US Centcom (Asie centrale et Moyen-Orient) tandis que la seconde concerne la Méditerranée.

Pour rappel, la frégate française Aquitaine est déjà sur zone, ce qui lui a valu la visite « inamicale » et « dangereuse » d’un Su-24 Fencer russe.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]