Deux sénateurs américains demandent à M. Trump d’autoriser la vente d’avions F-35B à Taïwan

Début janvier, la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, a dénoncé « les récentes actions unilatérales de la Chine », notamment « l’extension du couloir aérien M503 et le renforcement de ses manoeuvres militaires », estimant qu’elles étaient  » déstabilisatrices ». Cette « sortie » faisait suite à une multiplication des vols militaires chinois à proximité de l’ex-Formose, considérée comme une province rebelle à Pékin.

Puis, les forces armées taïwanaises organisèrent de vastes manoeuvres militaires afin de montrer leur « détermination à préserver la paix dans le Détroit de Taïwan et la sécurité nationale ». Comprendre : dissuader une éventuelle invasion de l’île par la Chine.

Alors que le Sénat américain a voté, fin février, le Taiwan Travel Act, c’est à dire une loi visant à renforcer les liens entre Washington et Taipeh, le président chinois, Xi Jinping, a récemment fait une mise au point. « Tous les actes et tous les stratagèmes visant à diviser la Chine sont voués à l’échec et s’exposeront à la condamnation populaire et à la punition de l’Histoire », a-t-il prévenu. Et d’ajouter, pour ceux qui n’auraient pas compris, que « la moindre activité séparatiste sera combattue. »

Puis, les forces chinoises ont entamé une série d’exercices en mer de Chine méridionale. Ainsi, le 26 mars, l’aviation taïwanais a été sollicitée pour aller à la rencontre d’une formation de bombardiers Xian H-6, de chasseur Su-30 et d’avion Y-8 qui survolaient le détroit de Bashi, au sud de l’île.

Puis, ce 27 mars, la marine chinoise a fait une démonstration de force en déployant, depuis l’île de Hainan, pas moins de 40 navires, dont son unique porte-avions, le Liaoning.

C’est donc dans un contexte où la menace chinoise semble se préciser que le ministre taïwanais de la Défense, Yen Teh-fa, a confirmé l’intérêt de Taipeh pour le F-35 du constructeur américain Lockheed-Martin. Et a priori, la version STOVL (Short Take-Off Vertical Landing) a les faveurs de l’état-major taïwanais. Et cela pour une raison simple : il s’agit de pouvoir continuer à opérer si jamais les pistes des terrains d’aviation de l’île sont visés par les missiles chinois. En outre, il a également évoque un possible achat d’avions ravitailleurs. Une capacité dont ne dispose pas l’aviation taïwanaise.

Seulement, étant donné que chaque vente d’armes à Taïwan suscite de vives protestations à Pékin, le souhait exprimé par M. Yen pourrait être rangé dans la catégorie des voeux pieux. Cependant, au Congrès américain, John Cornyn et Jim Inhofe, deux sénateurs en vue du Parti républicain, ont demandé au président Trump d’autoriser la vente de F-35B à Taipeh.

Ces F-35B « auront un impact positif sur les capacités de défense de Taïwan et agiront comme un moyen de dissuasion nécessaire à la position militaire agressive de la Chine dans la région Asie-Pacifique », ont ainsi fait valoir les deux sénateurs dans leur lettre adressée au locataire de la Maison Blanche.

Actuellement, l’aviation taïwanaise met en oeuvre 144 F-16, qui sont d’ailleurs en cours de modernisation, ce qui pèse sur leur disponibilité, une centaine d’AIDC F-CK-1 Ching-kuo (un avion de conception locale) et d’une quarantaine de Mirage 2000-5.

« Après des années de modernisation militaire, la Chine montre sa capacité à mener une guerre contre Taïwan pour la première fois depuis les années 1950 », ont ajouté MM. Cornyn et Inhofe. « Cependant, avec votre leadership, il est possible d’aider Taiwan à rester une démocratie, libre d’établir une relation avec la Chine qui n’est pas motivée par la coercition militaire », ont-ils plaidé auprès de M. Trump. Reste maintenant ce que ce dernier décidera.

Peu après son élection, le successeur de Barack Obama s’était attiré la colère de Pékin pour avoir eu une conversation téléphonique avec la présidente taïwanaise. Pour les autorités chinoises, il avait ainsi remis en cause le principe de « Chine unique », auquel Washington adhère depuis 1979 et l’adoption du « Taiwan Relations Act », voté afin de donner un cadre aux relations avec Taipeh après la reconnaissance officielle de la République populaire de Chine.

« Je ne sais pas pourquoi nous devons être liés à la politique de la ‘Chine unique’, à moins que nous ne passions un accord avec la Chine pour obtenir d’autres choses, y compris sur le commerce », avait alors lancé M. Trump.

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