Prise d’otages de Trèbes : Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame a succombé à ses blessures

Il a sacrifié sa vie pour sauver celle des autres. Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, officier adjoint de commandement (OAC) au groupement de gendarmerie de l’Aude, est décédé, cette nuit, des suites des blessures que lui avait infligé le jihadiste Redouane Lakdim, le preneur d’otages du SuperU de Trèbes, près de Carcassonne, le 23 mars.

L’annonce du décès de cet officier a été faite par Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur, via un court message posté sur les réseaux sociaux. « Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame nous a quittés. Mort pour la patrie. Jamais la France n’oubliera son héroïsme, sa bravoure, son sacrifice. Le coeur lourd, j’adresse le soutien du pays tout entier à sa famille, ses proches et ses compagnons de la Gendarmerie nationale de l’Aude », a-t-il écrit.

Alors que Lakdim venait de tuer deux personnes (un employé du supermarché et un client), le lieutenant-colonel Beltrame n’a pas hésité à se substituer à une otage blessée. Son réflexe de poser son téléphone portable en mode émission sur une table a permis à ses camarades de l’antenne toulousaine du GIGN de savoir ce qu’il se passait à l’intérieur de l’établissement.

Ces derniers ont lancé leur assaut quand Lakdim a une nouvelle fois fait usage de son arme. A priori pour tirer sur le lieutenant-colonel Beltrame, lequel a été gravement touché à au moins trois reprises. La suite est connue : le terroriste a été abattu.

Au départ, a précisé le procureur de la République de Paris, François Molins, Lakdim voulait s’en prendre à des militaires du 3e Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine (RPIMa) de Carcassonne. Ayant volé une voiture à cette fin (en blessant son conducteur et en tuant un passager), il s’est finalement attaqué à quatre policiers de la CRS 53 qui revenaient d’un footing. L’un d’entre eux a été sérieusement touché par les tirs du terroriste.

Puis, Lakdim a pris la direction de Trèbes, où il a donc pris en otages les clients et les employés d’un supermarché SuperU. Un tel scénario avait d’ailleurs fait l’objet d’un exercice, en décembre, commandé justement par le lieutenant-colonel Beltrame…

Âgé de 44 ans, Arnaud Beltrame avait entamé sa carrière militaire en tant qu’officier de réserve en situation d’activité (ORSA) au 35e Régiment d’Artillerie Parachutiste (RAP), puis au 8e Régiment d’Artillerie de Commercy (aujourd’hui dissous). Ayant réussi le concours de l’École militaire interarmes (EMIA) de Saint-Cyr Coëtquidan (il sera le major de la promotion « Campagne d’Italie »), il avait finalement choisi de servir au sein de la Gendarmerie.

Major de promotion lors de sa scolarité à l’École des officiers de la Gendarmerie nationale (EOGN) de Melun, il fut affecté à un peloton de véhicules blindés à Satory avant d’être sélectionné pour intégrer le GISN [Groupement de sécurité et d’intervention de la Gendarmerie nationale]. Chuteur opérationnel, il fut déployé en Irak en 2005, ce qui lui valut d’être décoré de la croix de la valeur militaire avec citation à l’ordre de la brigade (2007). Puis il fut muté au 1er régiment d’infanterie de la Garde républicaine, puis nommé à la tête de la compagnie de gendarmerie d’Avranches (Manche), il avait été ensuite été nommé conseiller auprès du secrétaire général du ministère de l’Écologie, avant de suivre les cours de l’École de Guerre et de rejoindre l’Aude.

Dans un communiqué, le président Macron a rendu hommage à cet officier, affirmant qu’il était « tombé en héros » et qu’il méritait « respect et admiration de la Nation tout entière. » Et de souligner qu’il avait « preuve d’un courage et d’une abnégation exceptionnels. »

Photo : Le LCL Arnaud BELTRAME (c) DGGN

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