Selon le général Lecointre, la « situation au Levant se dégrade à grande vitesse »

Quand le président Macron parle de faire respecter la ligne rouge que constituerait l’utilisation d’armes chimiques par les forces syriennes, il y a une donnée qui est trop souvent éludée : quelles représailles risqueraient les militaires français engagés au sein de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL), sachant que le Hezbollah est un allié proche de Damas?

Par ailleurs, quelle pourrait être l’attitude de la milice chiite libanaise, soutenue par Téhéran, après l’appel lancé à l’Union européenne par le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, à envisager de nouvelles sanctions contre l’Iran pour son implication dans le conflit syrien et la poursuite de son programme de missiles balistiques?

En outre, les tensions croissantes entre le Hezbollah et Israël concernent également la FINUL, et donc les militaires français déployés dans le sud du Liban.

Interrogé sur ce sujet lors de sa dernière audition à l’Assemblée nationale, le chef d’état-major des armées, le général François Lecointre, n’a pas pu répondre « directement » étant donné que ces « questions sont abordées en conseil de défense et donc couvertes par le secret de la défense. » Cela étant, il a estimé que « situation au Levant se dégrade à grande vitesse. »

« Qu’il s’agisse de l’intervention turque dans le canton d’Afrin, de la difficulté pour les Américains de tenir les fléaux de la balance à peu près équilibrés entre notre allié otanien turc et les Kurdes que nous avons appuyés dans la lutte contre Daesh et qui revendiquent une forme d’autonomie et une participation à la recomposition politique de la Syrie, des forces pro-régime et des Russes, de la situation de nos soldats de la FINUL dans le sud Liban, on assiste à une dégradation et une régionalisation du conflit », a détaillé le général Lecointre. « Cela nous inquiète et nous procéderons aux adaptations nécessaires », a-t-il ajouté.

Toutefois, le fil directeur reste la « destruction de Daesh » (État islamique ou EI). C’est une « priorité majeure » qu’il « convient de ne pas perdre de vue », a rappelé le CEMA.

L’organisation jihadiste est encore présente « dans le sud de la moyenne vallée de l’Euphrate, à la frontière irako-syrienne, dans une poche près d’Abou Kamal autour de la ville Al Qa’im, ainsi qu’au nord de ce périmètre, dans la poche de Daschischa », a précise le général Lecointre. « Il faut éliminer le plus rapidement possible ces deux poches. Or actuellement l’action de la Turquie à Afrin détourne les Kurdes de notre priorité commune », a-t-il déploré.

Lors de son audition, le CEMA n’a pas évoqué une nouvelle réduction du format de la force Chammal (alors que le président Macron avait affirmé que la guerre contre Daesh serait terminée d’ici la fin février). Cependant, interrogé sur la base H5, en Jordanie, il a indiqué son sort dépendra « de la nécessité que nous aurons de la conserver pour poursuivre, dans le meilleur rapport coût/efficacité, l’appui de la coalition et des Kurdes pour la réduction de ces deux poches de Daesh. »

À ce propos, entre les 7 et 13 mars, les Rafale de l’armée de l’Air ont encore effectué 3 frappes contre l’EI, dont deux en Syrie [à Abou Kamal] et une en Irak, à l’ouest de Ramadi. Au total, au cours de la même période, l’aviation française a effectué 25 sorties aériennes.

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