Général Lecointre : La France peut agir en autonomie s’il est prouvé que Damas a utilisé des armes chimiques

Depuis son élection, le président Macron a dit et répété que l’usage d’armes chimiques en Syrie est une « ligne rouge » et qu’il ferait en sorte qu’elle soit respectée. « Nous frapperons l’endroit d’où ces envois sont faits ou là où ils sont organisés », a-t-il encore assuré en février.

Puis, le 2 mars, à l’issue d’un entretien téléphonique avec son homologue américain, Donald Trump, le président Macron a une nouvelle fois affirmé qu’une « réponse ferme serait apportée en cas d’utilisation avérée de moyens chimiques entraînant la mort de civils, en parfaite coordination avec nos alliés américains. »

Pour autant, les cas présumés d’attaque au gaz chloré, en particulier dans la région de la Ghouta orientale, se sont multipliés ces dernière semaines. Mais encore faut-il pouvoir déterminer avec certitude leur origine et apporter des preuves.

« On a des indications possibles d’utilisation du chlore mais nous n’avons pas de confirmation absolue. C’est donc ce travail de confirmation que nous sommes en train de faire, avec d’autres, parce qu’évidemment il faut que les faits soient établis », a en effet expliqué Florence Parly, la ministre des Armées, le 9 février.

Et si les faits sont établis, que se passera-t-il? « Quand vous fixez des lignes rouges, si vous ne savez pas les faire respecter, vous décidez d’être faible. Ce n’est pas mon choix. S’il est avéré que des armes chimiques sont utilisées sur le terrain et que nous savons en retracer la provenance, alors la France procédera à des frappes pour détruire les stocks d’armes chimiques identifiés », avait assuré M. Macron, en juin 2017.

Si cela doit arriver, la France a les moyens d’agir en toute autonomie. C’est ce qu’a en effet affirmé le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées (CEMA), à l’antenne d’Europe1, ce 16 mars.

« Le président Macron n’aurait pas fixé de ligne rouge et n’aurait pas fait ce type de déclaration s’il ne savait pas que nous en avons les moyens », a ainsi fait observer le CEMA. « Vous me permettrez de réserver les détails de la planification que nous faisons au président de la République », a-t-il répondu alors qu’il était interrogé sur la Syrie.

Comme en août 2013, où il était déjà question de frapper le régime syrien pour l’attaque chimique commise dans la Goutha orientale, l’on peut supposer que des Rafale armés de missiles de croisière SCALP seraient sollicités. Comme pourraient l’être aussi les frégates multimissions (FREMM) qui, désormais, sont dotées du missile de croisière naval (MdCN).

« Evidemment,  ça se ferait sans doute en lien avec les Américains », a toutefois ajouté le général Lecointre.  « La France a la possibilité de faire les choses en autonomie, mais il y a la marque d’une solidarité avec un allié stratégique essentiel pour la France, et une même vision des choses quant à la situation en Syrie et le dépassement de ces lignes rouges », a-t-il expliqué.

Cela étant, la Russie a déjà pris les devants… Le chef d’état-major des forces russes, général Valeri Gerasimov, passé maître dans la « guerre de l’information » dans le cadre de la doctrine de la guerre hybride » qu’il a théorisée, a dit avoir des « informations fiables » sur des rebelles [syriens] « se préparant à falsifier une attaque chimique du gouvernement contre des civils » dans plusieurs districts de la Ghouta orientale.

Et le général Gerasimov de poursuivre en affirmant que « les États-Unis prendraient le prétexte de cette attaque pour accuser les troupes gouvernementales syriennes d’utiliser des armes chimiques. » Aussi, a-t-il assuré, « dans le cas d’une menace contre la vie de nos militaires, les forces armées russes prendront des mesures de représailles contre les missiles et les lanceurs utilisés. »

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