Syrie : M. Erdogan reproche à l’Otan de ne pas soutenir l’offensive turque contre les Kurdes à Afrin

Dans un entretien donné au quotidien Le Monde, l’ex-président Hollande a demandé à son successeur, Emmanuel Macron, de ne pas abandonner les Kurdes [syriens] qui, avec le soutien de la coalition dirigée par les États-Unis, ont tenu un rôle de premier plan dans la défaite militaire de l’État islamique (EI ou Daesh) en Syrie.

« Mon devoir est de rappeler ce que j’ai pu faire au nom de la France et ce que cela porte comme conséquence. Si j’ai soutenu les Kurdes dans le cadre de la coalition, ce n’est pas pour les laisser dans la situation où ils sont. Si j’ai été aussi dur sur le régime de Bachar el-Assad, et je l’ai été avec constance, ce n’est pas pour le laisser liquider son opposition et massacrer son peuple. Si j’ai mené avec les Russes des discussions, c’est pour marquer des points d’arrêts », a ainsi affirmé l’ancien locataire de l’Élysée.

Et d’ajouter : « Cela signifierait qu’on laisserait tomber nos alliés au lendemain d’une victoire que nous avons célébrée ensemble. […] Ceux que nous soutenons ailleurs dans le monde pourraient alors penser qu’ils ne sont pas protégés. Que vaut la parole quand elle n’est plus respectée? »

À propos d’alliés, la Turquie en fait partie étant donné qu’elle est membre de l’Otan depuis 1952. Quelle attitude adopter quand ce pays lance, dans le canton d’Afrin [nord de la Syrie, ndlr] une offensive contre les combattants Kurdes syriens qu’elle considère comme terroristes à cause de leurs lien avec le Parti ds travailleurs du Kurdistan turc?

Pour le moment, la coalition anti-EI ne peut pas faire grand chose, si ce n’est constater que l’opération turque « Rameau d’olivier » a conduit les Forces démocratiques syriennes (FDS), dont les milices kurdes (YPG) font partie, de faire une « pause » dans les opérations menées contre les dernières positions tenues par Daesh dans la vallée de l’Euphrate.

Or, le 11 mars, le président turc Recep Tayyip Erdogan, ne se satisfait pas de la position prudente de l’Alliance atlantique, dont plusieurs membres sont membres de la coalition anti-EI, et donc alliés avec les YPG.

« Ohé l’Otan ! Avec ce qui se passe en Syrie, quand allez-vous venir et nous rejoindre? », a-t-il lancé lors d’une réunion politique à Bolu, à l’est d’Istanbul. « Nous sommes en permanence harcelés par des groupes terroristes à nos frontières. Malheureusement, jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas eu une seule voix ou un seul mot positif » de l’Alliance atlantique », a-t-il ajouté.

Quand Ankara a lancé l’opération « Rameau d’olivier », le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, avait estimé que la Turquie avait le droit de se défendre, mais de « façon proportionnée et mesurée. »

« Les pays membres de l’Otan auraient voulu s’ériger face à nous en Syrie s’ils en avaient la force, mais ils n’ont pas osé le faire. Nous aurions souhaité autre chose. Vous nous avez sollicité en Afghanistan nous sommes venus, vous nous avez sollicité en Somalie nous sommes venus, vous nous avez sollicité dans les Balkans nous sommes venus, à présent c’est à mon tour de vous solliciter, venez en Syrie. Pourquoi ne venez-vous donc pas? », a insisté, plus tard, le président turc.

Évidemment, les tensions entre l’Otan et la Turquie sont du pain béni pour la Russie. En effet, de par sa position géographique, ce pays est stratégique pour l’Alliance étant donné qu’il peut verrouiller l’accès de la Méditerranée à la flotte russe de la Mer noire (et inversement) et qu’il compte sur son territoire plusieurs bases (dont celle d’Incirlik et le radar d’alerte avancée de Kürecik. D’où le rapprochement spectaculaire entamé par Moscou et Ankara il y a plusieurs mois.

Par ailleurs, M. Erdogan a une nouvelle fois prévenu que l’offensive turque viserait ensuite la ville de Manbij, où des militaires américains sont présents aux côtés des miliciens kurdes syriens. Mais il est allé encore plus loin en évoquant la poursuite des opérations en direction de Tal Abyad, Ras al-Aïn, Qamichli et d’Aïn al-Arab, c’est à dire de la ville de Kobané, où les YPG infligèrent une défaite à l’EI en 2014, sous le regard, d’ailleurs des forces turques.

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