Dassault Aviation espère vendre près de 200 avions Rafale de plus à l’exportation

La Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019 qui se termine reposait sur un pari : celui de vendre le Rafale à l’exportation, afin de pouvoir diminuer les livraisons à l’armée de l’Air tout en permettant de maintenir les lignes d’assemblage de Dassault Aviation.

Ce pari a été réussi, grâce aux commandes passées par l’Égype, le Qatar et l’Inde. Au total, 96 Rafale ont été vendus à l’exportation. Et ce n’est sans doute pas fini, au point que Dassault Aviation pourrait vendre plus de 300 exemplaires de son avion à l’étranger, conformément à l’objectif qu’il s’était fixé à l’époque où la France comptait en disposer 320. (*)

En effet, lors de sa dernière audition par les députés de la commission de la Défense, Éric Trappier, le Pdg de Dassault Aviation, a dit espérer vendre « entre 100 et 200 Rafale » de plus à l’Inde, qui « a un gros besoins d’avions de combat. » L’on sait déjà que la marine indienne compte acquérir 57 appareils embarqués pour ses porte-avions et que le Rafale M est bien placé pour décrocher une commande.

Outre l’Inde, M. Trappier a évoqué la Malaisie, qui aurait besoin de 18 nouveaux avions de combat. Mais tout dépendra de l’état de ses finances publiques, lesquelles ne se portent pas très bien. « Il y a d’autres pays au Moyen-Orient qui attendent un peu mais qui sont intéressés », a-t-il continué. Là, on pense aux Émirats arabes unis… Mais visiblement, ils ne seraient donc pas les seuls à songer au Rafale.

Lors de son intervention, M. Trappier n’a pas parlé de l’appel d’offres visant à remplacer les CF-18 Hornet de l’Aviation royale canadienne. En revanche, il s’est attardé longuement sur le marché européen. Un occasion de pousser un « coup de gueule » contre l’attitude de certains membres de l’Union européenne.

« Je dois vous dire que dans l’Europe dite ‘Union européenne’, donc si je mets la Suisse de côté, c’est : ‘j’achète américain' », a-t-il lancé, avant d’enchaîner sur les propos tenus au sujet de la défense européenne, à l’occasion de la dernière réunion des ministres de l’Otan à Bruxelles, le mois dernier.

Pour rappel, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, avait estimé que l’UE ne devait « pas fermer ses marchés de défense » aux Américains et aux autres pays non-membres » de l’Union. « C’est logique », a commenté M. Trappier. « Vous êtes en Europe, vous côtisez 2% du PIB pour votre défense et vous achetez américain. Et garde-à-vous! », a-t-il ironisé.

« Ces propos contre l’Europe de la Défense, contre les industriels européens sont d’une violence terrible », a estimé le Pdg de Dassault Aviation, qui a ensuite pris le cas des Pays-Bas pour évoquer l’appel d’offres belge en cours.

Ainsi, il a rappelé que le F-35 américain avait été choisi après un simulacre d’appel d’offres auquel le Rafale avait participé, au début des années 2000.

« On a comparé un F-35 qui n’avait pas encore fait son premier vol, dont le prix n’était pas garanti puisqu’il n’était même pas encore connu des forces américaines, à un Rafale qui a fait une évaluation complète à Istres, avec un engagement sur les prix ‘backé’ par les autorités françaises, avec un engagement sur les compensations à hauteur de 100%. Et malgré tout, le F-35 a gagné avec une note de 6,97 » contre 6,95 pour le Rafale, a ainsi rappelé M. Trappier. « Tout ça, c’est du pipeau », a-t-il lâché.

D’où le lien avec la Belgique… étant donné que cette affaire a un « petit peu douché » Dassault Aviation. « On avait l’impression que les Belges nous ramenaient au sujet hollandais », a dit M. Trappier. D’où l’initiative prise par Paris de proposer à Bruxelles une coopération stratégique dans le domaine de l’aviation de combat, avec la livraison de 34 Rafale à la clé, sans passer par la procédure de l’appel d’offres.

En outre, M. Trappier a dénoncé l’attitude des Pays-Bas dans cette affaire puisqu’ils font l’article du F-35 auprès des autorités belges. En effet, le chef d’état-major de la force aérienne néerlandaise, le général Dennis Luyt, a dit tout le bien qu’il pensait de cet appareil alors qu’il était invité à l’ambassade des États-Unis à Bruxelles. « C’est incroyable tout ce que cet avion peut apporter au combat et sur le terrain », a-t-il affirmé.

« La France fait la promotion de ses produits, ce qui paraît logique. Mais il est étonnant de voir que les Néerlandais sont les champions des Américains pour aller vendre le F-35 en Belgique », a-t-il conclu.

(*) Comme l’a expliqué M. Trappier, « l’ambition de Dassault a toujours été de vendre à peu près autant de Rafale qu’on en a pour la France »

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