La Russie a-t-elle déployé des avions furtifs Su-57 en Syrie?

« En deux bonnes années, les forces armées de Russie et de Syrie ont écrasé le groupe terroriste le plus combatif au niveau international, et j’ai pris la décision suivante: une partie significative du contingent militaire rentre à la maison », avait annoncé le président Vladimir Poutine, lors d’une visite effectuée à la base aérienne russe de Hmeimim, en Syrie, le 11 décembre 2017, en s’arrogeant ainsi en s’arrogeant la victoire contre l’État islamique (EI ou Daesh), alors que les principaux succès militaires contre l’organisation jihadiste furent obtenus par les Forces démocratiques syriennes (FDS), avec le soutien de la coalition internationale dirigée par les États-Unis.

Cela étant, ce n’était pas la première fois que le chef du Kremlin annonçait une réduction de la présence militaire russe en Syrie : il le fit déjà en mars 2016… Et la suite montra que cette annonce ne fut pas suivie d’effet (en réalité, il s’était agi d’une rotation des effectifs, avec le déploiement de matériels différents). Et, visiblement, il en est de même après celle faite en décembre dernier.

En effet, des images diffusées via les réseaux sociaux (sous réserve qu’elles soient authentiques) ont montré l’arrivée, sur la base de Hmeimim, de renforts, avec au moins 4 Su-35 « Flanker E », autant de Su-25 « Frogfoot » et un avion d’alerte aéroporté A-50U Mainstay. Et surtout – et c’est ce qui est le plus surprenant – deux Su-57, c’est à dire un avion furtif dit de 5e génération.

Le développement de cet appareil a commencé à la fin des années 1990, dans le cadre du programme PAK-FA [ Futur Système Aéronautique de l’Aviation du Front, ndlr]. En 2002, Sukhoi fut désigné pour le mener à bien. Alors appelé « T-50 PAK-FA », il effectua son premier vol le 29 janvier 2010. Par la suite, les essais conduits avec les prototypes furent marqués par plusieurs aléas et retards (l’un d’eux prit feu en juin 2014).

Par la suite, ce programme fit l’objet d’annonces plutôt optimistes. Il fut en effet avancé par Moscou que cet avion allait entrer en service en 2016. Ce qui ne fut pas le cas, l’échéance ayant été depuis plusieurs fois reportées. Cependant, en juillet 2017, le président du Consortium aéronautique unifié (OAK), Iouri Slioussar, indiqua que la première phase des essais d’acceptation du futur Su-57 étaient terminés. Et d’ajouter que l’assemblage de 12 appareils de série allait commençer sans tarder, pour une livraison en 2019.

Seulement, dans le même temps, le général Victor Bondarev, commandant de la Force aérienne et spatiale russe, donna un autre calendrier. « Le T-50, ou Su-57, est prêt. Il sera livré à l’armée dès 2018 et les pilotes commenceront à l’étudier et à l’exploiter », avait-il affirmé lors d’un entretien donné à la chaîne de télévision Zvezda.

Quoi qu’il en soit, cet appareil n’a pas encore été déclaré apte au combat. D’où la surprise d’en voir deux exemplaires se poser à Hmeimim…

En Syrie, l’aviation américaine met également en oeuvre des avions furtifs, en l’occurrence des F-22 Raptor. Dans la région, Israël dispose de F-35A, qui sont également des appareils de 5e génération. Mais, a priori, ces derniers n’ont pas encore connu le baptême du feu.

La présence de ces deux Su-57 à la signature radar censée réduite, si elle est confirmée, risque de compliquer davantage la tâche des pilotes de la coalition anti-EI [dont ceux de l’armée de l’Air française], alors que la cohabitation dans l’espace aérien syrien, en particulier au-dessus de la province de Deir ez-Zor, est difficile. Et cela parce que l’on ignore tout des capacités réelles de ces appareils russes. Cependant, leur déploiement est aussi l’occasion de collecter des informations à leur sujet…

Selon les données disponibles, le Su-57 peut emporter des missiles air-air K-37M (longue portée) et K-77-1 (moyenne portée) ainsi que des bombes guidées KAB-500 et des missiles air-sol Kh-38ME.

En tout cas, l’envoi de ces Su-57 (si, encore une fois, il est confirmé), intervient deux semaines après des frappes américaines contre des forces pro-gouvernementales syriennes qui menaçaient les FDS à Deir ez-Zor. Il est désormais acquis que des mercenaires (ou des paramilitaires) russe y ont laissé la vie. « Les États-Unis devraient arrêter de jouer à des jeux très dangereux qui pourraient conduire au démembrement de l’État syrien », a récemment prévenu Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]