Otan/Russie : La marine américaine a envoyé deux destroyers patrouiller dans les eaux de la mer Noire

Depuis quelques jours, deux destroyers américains de la classe Arleigh Burke patrouillent dans les eaux de la mer Noire. En effet, le 17 février, l’USS Carney y a rejoint l’USS Ross pour, a expliqué l’US Navy, « mener des opérations de sécurité maritime. »

Il s’agit de répondre au renforcement des moyens militaires russes dans cette partie du monde, surtout après l’annexion de la Crimée. Récemment, les forces russes y ont significativement augmenté leur activité depuis 2014, ce qui préoccupe les pays riverains de la mer Noire, comme la Roumanie et la Bulgarie, deux membres de l’Otan. D’autant plus que la Russie y a installé des capacités dites A2/AD [Anti-Access/Area Denial], comme récemment avec le déploiement de deux batteries de défense aérienne S-400 supplémentaires.

La navigation en mer Noire est régie par la convention de Montreux qui, signée en 1936 pour réglementer le trafic maritime à travers les détroits internationaux des Dardanelles et du Bosphore, fixe à 21 jours la durée de présence maximale pour des navires de guerre opérant sous pavillon de pays non-riverains.

Cependant, des incidents entre les forces russes et les celles de l’Otan (notamment américaines) arrivent régulièrement, comme cela a récemment été le cas avec l’interception « dangereuse » d’un avion de renseignement EP-3E Aries II appartenant à l’US Navy par un chasseur Su-27.

« Notre décision d’avoir deux navires opérant simultanément dans la mer Noire est proactive et non pas réactive », a commenté le vice-amiral Christopher Grady, le commandant de la 6ème flotte américaine, au sujet du déploiement de l’USS Carney. « Nous opérons au rythme et au moment de notre choix dans cette région stratégiquement importante », a-t-il ajouté.

« La présence continue de la marine américaine en mer Noire démontre notre engagement durable envers la stabilité régionale et la sécurité maritime de nos partenaires [de la région] et la défense collective de nos alliés de l’Otan », a encore fait valoir l’amiral Grady.

Un responsable militaire américain a toutefois confié à CNN qu’il s’agit aussi de « désensibiliser » la Russie à la présence de forces américaines et d’aider à « établir des règles sur la façon dont les deux pays devraient agir en toute sécurité comme ils le firent durant la Guerre Froide. »

Justement, lors de cette dernière, plusieurs incidents eurent lieu entre les forces américaines et soviétiques. Un code de bonne conduite fut adopté en 1972, via l’accord INCSEA. Seulement, depuis quelques années, cela n’a pas empêché les comportements dangereux, régulièrement dénoncés non seulement par les États-Unis mais aussi par d’autres pays, comme par exemple la Suède.

Quoi qu’il en soit, l’état-major russe a prévenu. Si les deux destroyers américains « manifestent des actions hostiles ou provocatrices, ils recevront une réponse et seront servis en conséquence », a déclaré l’amiral Vladimir Valuev.

Plus largement, le Pentagone a l’intention de renforcer sa présence en Europe, à en juger par sa demande de crédits pour l’année 2019. Ainsi, le montant de l’enveloppe pour financer l' »European Deterrence Initiative » (EDI), qui remplace l' »European Reassurance Initiative », devrait passer de 4,7 à 6,531 milliards de dollars (si le Congrès l’accepte).

Cette somme doit servir à améliorer le prépositionnement des matériels (à hauteur de 3,235 milliards, contre 2,221 milliards actuellement) et à financer le renforcement et les rotations des unités déployées (1,874 milliards, contre1,732 milliards en 2018). En outre, le budget « amélioration de l’infrastructure » passerait de 302,3 à 828,2 millions de dollars tandis que l’aide aux pays partenaires dépasserait les 300 millions. Enfin, 290,8 millions (contre 218 en 2018) seraient alloués aux exercices et aux entraînements.

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