L’Estonie appelle l’Union européenne à investir davantage pour « défendre » ses frontières

Pays frontalier avec la Russie, l’Estonie est l’un des membres de l’Otan qui a bénéficié des mesures de réassurance prise par l’Alliance après l’annexion de la Crimée, avec le déploiement d’un bataillon multinational dirigé par le Royaume-Uni. Et une telle mesure est, pour le moment, efficace, à en croire sa présidente, Kersti Kaljulaid.

Selon elle, en effet, l’Otan a démontré que, quand la situation sécuritaire et l’évaluation de la menace change, elle est en mesure de réagir rapidement, avec efficacité.

« L’Otan ne protège pas seulement les trois États baltes et la Pologne avec sa présence mais aussi elle-même », a ajouté Mme Kaljulaid, en marge de la conférence de Munich sur la sécurité. « La présence accrue de l’alliance a été un succès, mais la dissuasion n’est pas encore complète », a-t-elle toutefois ajouté.

« Pour que la dissuasion reste crédible, nous avons besoin d’une stratégie de renforcement réaliste qui permettrait, entre autres choses, de prévenir tout mouvement agressif de l’adversaire en étant capable de réagir rapidement avec l’envoi de troupes et de capacités supplémentaires dans la région », a expliqué la président estonienne.

Mais, visiblement, Mme Kaljulaid ne mise pas seulement sur l’Otan. Le 18 février, elle a ainsi appelé ses partenaires européens à dépenser davantage pour défendre les frontières de l’Union européenne.

Soulignant que l’effort de l’Estonie en matière de défense avait déjà atteint 2,2% du PIB, Kersti Kaljulaid a fait valoir qu’il ne serait pas possible d’aller encore plus loin. « Notre petit pays ne peut pas faire plus que ce qu’il fait déjà » et « pourtant, il faut en faire davantage dans la région », a-t-elle déclaré lors d’un entretien donné à l’agence Reuters, avant d’en appler à la formation d’une « véritable union de la défense. »

En outre, l’inflation du prix des équipements militaires pose un vrai problème quand il s’agit de faire des efforts qui ont été négligés pendant longtemps. Cette hausse des coûts, a fait observer Mme Kaljulaid, « pose en outre des difficultés puisqu’elle érode la puissance financière des gouvernements. » Ainsi, les forces armées estoniennes auraient été « pénalisées » pour acquérir des munitions. « Même en dépensant 2,5% (du PIB), nous ne serions pas en mesure de construire une force de dissuasion », a-t-elle ajouté.

Ce qui est une évidence face à la Russie. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que, dans le cas d’une invasion, l’état-major estonien se prépare à mener une guérilla. « Le meilleur moyen de dissuasion est non seulement des soldats armés mais aussi des citoyens armés », avait expliqué, en novembre 2016, le général Meelis Kiili, le commandant de la Ligue de défense estonienne.

L’équipement des forces armées estoniennes est en grande partie d’origine européenne, leurs fournisseurs principaux étant suédois (blindés CV-90), finlandais et allemands. L’aviation et la marine sont en revanche sous-équipées.

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